Le mercredi 21 février, le Club Richelieu Toronto a eu besoin d’une salle plus grande qu’à l’accoutumée pour son souper mensuel. C’est qu’il en faut de l’espace pour accueillir tous ceux qui veulent entendre une ministre, en l’occurrence Marie-France Lalonde.
L’allocution de la ministre des Affaires francophones constituait en effet le clou de cette soirée qui a réuni une trentaine de convives. Après le repas, Denis Rioux, président du Club Richelieu Toronto, a présenté en quelques mots les origines et la vocation de l’organisme, bon nombre de gens dans l’assistance n’en étant pas membres. Puis, Michel Brochu, trésorier du Club, a résumé le parcours professionnel et politique de la ministre et l’a invitée à prendre la parole.
Mme Lalonde a commencé son discours en soulignant les réalisations de son gouvernement en matière de promotion du fait français : création du ministère des Affaires francophones, obtention pour l’Ontario du statut de membre observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie, mise sur pied du Programme d’appui à la francophonie ontarienne, etc. Cette énumération l’a conduite à aborder le dossier de l’heure qui constituait le thème central de son allocution : l’Université de l’Ontario français.
Selon les projections démographiques, dans 10 ans, plus de 50 % des francophones de la province résideront dans le Centre-Sud-Ouest, d’où le choix de Toronto comme lieu d’établissement de la future institution. Toutefois, celle-ci ne se limitera pas aux cours qui s’y donneront dans un cadre traditionnel en salle de classe car plusieurs idées de collaboration entre universités et de formation à distance sont à l’étude.
Pour le moment, c’est le comité technique, sous la direction de Dyane Adam, qui pilote le projet dans le détail avec le soutien du Collège Boréal. Cependant, un conseil des gouverneurs de l’université sera créé prochainement et il lui incombera alors de pousser plus loin la mise sur pied de l’institution.
La création de l’Université de l’Ontario français s’inscrit dans un contexte qui va plus loin que la question des études postsecondaires. Ce nouveau développement dans l’atteinte d’une égalité de fait entre francophones et anglophones attirera cette fois l’attention au-delà des frontières de la province en devenant un atout dans la recherche d’immigrants de langue française et leur rétention. L’université contribuera aussi à rehausser le prestige de Toronto sur la scène internationale en y augmentant la présence d’une des langues les plus parlées au monde. Et, bien sûr, l’institution contribuera au bien-être des Franco-Ontariens : « Elle fait figure de pierre angulaire pour l’avenir prometteur de la francophonie ontarienne », a affirmé Marie-France Lalonde.
La ministre s’est montrée généreuse de son temps en répondant ensuite à plusieurs questions. Quelques membres de l’assistance se sont inquiétés d’une possible compétition entre cette nouvelle université francophone et celles qui existent déjà en Ontario. Mme Lalonde a confirmé que cette question avait fait l’objet de longs débats mais qu’il y avait une demande réelle pour une autre université, confirmée par le Commissaire aux services en français et la communauté étudiante elle-même. De plus, le Collège universitaire Glendon excepté, les autres institutions se trouvent dans le nord et l’est de la province : l’Université de l’Ontario français répondra donc d’abord aux besoins criants des jeunes du Centre-Sud-Ouest.
À quelqu’un s’interrogeant sur la place des étudiants au sein du conseil des gouverneurs, la ministre s’est faite rassurante en soulignant que les instances dirigeantes des autres universités faisaient place à la voix de leur clientèle et que ce serait très certainement le cas avec l’Université de l’Ontario français. Dans un autre ordre d’idée, à une question portant sur les autres projets qu’elle aimerait faire avancer, Mme Lalonde a mentionné l’immigration francophone et la simplification du processus de désignation en vertu de la Loi sur les services en français.
Après quelques autres questions sur divers sujets, Marie-France Lalonde a cédé le micro à un autre invité de marque du Club Richelieu Toronto : Luc Doucet, président du Richelieu International. Celui-ci a brossé un portrait rapide de l’histoire du mouvement, né à l’initiative d’une société secrète, l’Ordre de Jacques-Cartier. M. Doucet a parlé avec passion de l’importance de la jeunesse, de la place du français dans les Amériques et, sur une note plus légère, de son Acadie natale. C’est sur ce discours que s’est conclu le dîner-conférence de février du Club Richelieu Toronto.
PHOTO: La ministre des Affaires francophones entourée du conseil d’administration du Club Richelieu Toronto. De gauche à droite: Colombe Beauregard, Claude-Reno D’Aigle, Michel Brochu, le président du Richelieu International Luc Doucet, la ministre Marie-France Lalonde, Denis Rioux, Diane Saint-Pierre, Monique Charron et Jean Bouchard.