Ah! Montréal… Miche rêve tellement de s’y installer pour tout recommencer. Mais voilà qu’au moment même où cette Franco-Manitobaine s’apprête à tourner la page pour en écrire une autre, elle se voit contrainte de réaliser l’impossible, travailler avec un Québécois pure laine. Un certain Louis-Félix Landry qui n’a d’yeux que pour une chose : lui-même. Le problème pour Miche, c’est que même avec ses tonnes de défauts, dont un tropisme carabiné pour le souverainisme, Louis-Félix est plutôt beau garçon et il arrive même à être drôle et attachant quand il s’oublie un peu.
Miche et Louis-Félix sont les deux personnages principaux d’une nouvelle fiction, « Je me souviens pas ». Une websérie de huit épisodes visible sur YouTube mettant en scène deux êtres qui vont commencer par se détester confraternellement, mais dont la relation, d’abord orageuse, puis électrisée par une fascination mutuelle, va finalement se fondre dans un phénomène aussi universel qu’inéluctable dans ces circonstances, le coup de foudre passionnel.
« Je me suis vaguement inspirée de ma vie personnelle pour l’écrire. Le personnage de Miche et moi avons plusieurs points communs, comme la profession, humoriste. Surtout, comme elle, je sais ce que c’est de recommencer sa vie et d’être vulnérable dans un environnement nouveau », raconte Micheline Marchildon, l’interprète de Miche et qui est à la fois la scénariste, la réalisatrice et la coproductrice de la série, avec Rebecca Sandulak.
La jeune femme, originaire de St-Boniface, n’en est pas à son coup d’essai. On a pu la voir sur scène, à l’occasion du Festival de l’humour, à Winnipeg. Ou sur le petit écran, dans l’une de ses innombrables émissions où ses talents d’animatrice et de comédienne lui ont permis de s’y tailler une part de notoriété. C’est en revanche la première fois que Micheline Marchildon se retrouve à la fois devant et derrière la caméra, actrice et réalisatrice. « Je cherchais un réalisateur, comme je n’en trouvais pas, je l’ai fait moi-même », sourit-elle.
Le scénario tourne autour du décalage culturel entre deux personnes se toisant par la lorgnette réductrice des stéréotypes. Au militantisme souverainiste déclamé la main sur le cœur de Louis-Félix, répond ainsi le folklore en bandoulière de la charmante Miche. En bonne Franco-Manitobaine qui se respecte, la jeune femme se doit forcément d’arborer une queue de raton laveur au front et de baragouiner un français fortement anglicisé.
Si ce jeu de miroir déformant ne se brise pas sur les mauvaises interprétations et l’écueil du mauvais goût, c’est que le scénario éclaire surtout ce qui unit les deux personnages par delà leurs origines différentes, en l’occurrence la langue française.
« J’ai écrit le scénario avec l’intention de faire dialoguer tous les francophones du pays. Je me sers certes des idées reçues sur les francophones mais pour prendre aussitôt de la distance. Ce que je célèbre surtout, avec une touche de satyrisme, est la diversité de la francophonie », commente Micheline Marchildon.
« Je me souviens pas », clin d’œil détourné à la devise du Québec, est donc un appel à dépasser les lignes de fractures artificielles et territoriales pour voir que l’Autre, si loin et si proche, est un peu plus qu’un lieu commun. Une invitation tout en ironie à chanter l’amour du différent plutôt qu’à faire la guerre des différences. Une possibilité que Miche et Louis-Félix entreprendront d’ailleurs d’explorer. À leur corps défendant, d’abord. Et puis… Toutes les infos sur https://www.facebook.com/jemesouvienspas.