« Stop aux violations des droits de l’Homme au Togo », est l’un des slogans forts qui a retenti lors de la manifestation du 18 novembre dernier réunissant la communauté togolaise de Toronto.

« Nous sommes réunis aujourd’hui à cause de la situation qui prévaut dans notre pays actuellement. Nous avons 50 ans de dictature avec une seule famille qui a régné en opprimant le peuple, en usurpant les biens des Togolais. Aujourd’hui, les Togolais vivent dans une misère criarde et malgré cela nous voyons les gens du régime qui vivent dans l’opulence totale. C’est pour mettre fin à cette situation-là que nous manifestons », témoigne avec passion Thierry Kueviakoe, l’organisateur de cette manifestation.

Rassemblés devant la gare Union, une soixantaine de Togolais ont répondu à l’appel. « Regardez, la police nous a apporté du café et des beignes. Au Togo, quand on manifeste, la police nous tire dessus », lance Edouard Siggini, l’un des manifestants.

Sur les pancartes brandies par les manifestants, on peut lire « Non à la dictature au Togo », « 50 ans, ça suffit, non à la tyrannie »ou bien encore « Faure doit partir ». Mais qui est Faure exactement? Faure Gnassingbé est l’actuel président du Togo, arrivé au pouvoir en 2005 suite à la mort de son père Eyadéma Gnassingbé qui a occupé le poste de président de la République togolaise pendant 38 ans.

« Depuis que je suis au Canada, j’ai vu quatre premiers ministres. Depuis que je suis né, il n’y a qu’un seul nom qui est au pouvoir et c’est celui de Gnassingbé. Ici, au Canada, on peut rêver. On n’a pas besoin d’appartenir au Parti conservateur ou au Parti libéral pour avoir du boulot. Au Togo, c’est ce qui se passe. Les jeunes sont obligés de quitter leur pays. Ça fait une cinquantaine d’années qu’on a pris un peuple en otage. Il faut que ça s’arrête », confie Edouard Siggini.

Venu il y a 12 ans au Canada, Édouard ne veut pas rentrer dans son pays natal où il est retourné que deux fois. Il a fait venir sa femme « pour avoir un meilleur avenir », confie-t-il.

Comme tant d’autres, Salomon est un réfugié politique qui a fui le Togo. « Dans mon pays, j’ai été condamné à la prison à perpétuité, car j’étais dans l’opposition politique. Vous trouvez ça normal? » dit-il.

Sur d’autres banderoles est inscrit « retour à la constitution de 1992 » et c’est ce que réclame la diaspora togolaise dont celle qui vit à Toronto. « Nous avons voté en 1992 une constitution à plus de 97 % et nous avons limité le mandat présidentiel à deux mandats de cinq ans chacun. Personne ne doit se représenter plus d’une fois. Mais le père Eyadéma Gnassingbé a enlevé la limitation de mandat. Aujourd’hui, nous voulons le retour de cette constitution que nous avons votée et nous voulons que le président Faure Gnassingbé démissionne. Cela fait 12 ans qu’il est au pouvoir. C’est donc plus de deux mandats. Nous voulons mettre fin à ce règne-là », lance Thierry Kueviakoe.

Cette manifestation fut aussi l’occasion d’informer et d’alerter l’opinion publique canadienne et la communauté internationale pour qu’elle puisse mettre pression sur le régime au pouvoir.

« Nous savons que le Canada a une forme de coopération avec le Togo. Nous voulons qu’il mette fin à cette coopération-là. »

La manifestation s’est terminée devant la législature à Queen’s Park avec la lecture du communiqué de presse en français et en anglais et par la foule qui a entonné l’hymne national du Togo et celui du Canada en français.

« Nous continuerons à faire des manifestations aussi longtemps que Faure sera au pouvoir », a indiqué Thierry Kueviakoe.