De l’avis du plus grand nombre, la compréhension entre communautés est de la plus haute importance, d’autant plus lorsque l’on vit dans une cité multiculturelle comme Toronto. La population tamoule compte environ 60 000 membres dans la Ville reine, et elle semble vraisemblablement avoir quelques difficultés avec les interprètes, principalement pour tout ce qui touche à la loi et à la traduction de termes spécifiques. Il s’agit là d’un véritable problème, compte tenu du fait qu’une simple erreur sur un mot peut changer complètement le sens d’une phrase.
Ainsi à l’occasion de la remise d’un rapport provincial soulevant cette problématique, Marco Fiola, président du département des langues et professeur à l’université Ryerson, s’est lancé dans la réalisation de glossaires français-tamoul et anglais-tamoul afin de répondre à ce besoin présent. Tandis que la version anglaise vient de voir le jour en ligne, celle dans la langue de Molière est toujours en développement et devrait être publiée au début de l’année prochaine. Les 700 termes et concepts légaux les plus couramment utilisés y sont présents. Des définitions précises sont ainsi disponibles sur le Web, afin d’expliquer ce que signifient des termes aussi déroutants que « justice pénale pour les adolescents ».
M. Fiola commente son travail : « L’idée nous est venue suite à la publication du nombre d’interprètes qui avaient échoué à l’accréditation ». Selon lui, plusieurs communautés étaient concernées, dont les Tamouls. « Il était temps de faire quelque chose pour cette communauté et, pour régler cela, ce qui semblait le plus facile c’était de faire un glossaire », ajoute-t-il. Il ne s’agit pas là d’une première pour cet enseignant qui a déjà aidé les communautés autochtones du Yukon à créer des lexiques. Le plus grand défi de cette aventure est qu’il ne parlait pas tamoul et qu’il a fallu former des locuteurs à la recherche terminologique.
Financé par la Fondation du droit de l’Ontario, ce glossaire met à contribution le département de recherche en droit de l’université Ryerson, des avocats, des interprètes ainsi que des traducteurs. Une équipe de 12 personnes qui compte bien mener à terme la version francophone. « Je me donne une année pour la terminer », dit Marco Fiola, optimiste.
Une nouvelle pierre à l’édifice, compte tenu du fait que des travaux similaires ont été réalisés dans un grand nombre de langues telles que le mandarin. Cet outil est une réplique de celui utilisé pour les traductions français-anglais, qui a déjà fait preuve de son efficacité.
« J’ai déjà eu beaucoup de retours positifs de la part de la communauté tamoule et des organismes de nouveaux arrivants, explique-t-il. J’ai également reçu plusieurs commentaires très positifs de l’étranger, du Sri Lanka, d’Inde. »
Une application mobile est également en développement, afin de pouvoir apporter le glossaire partout avec soi. De plus, un nouveau projet est d’ores et déjà sur les rails. « Je viens de recevoir du financement pour un projet pilote sur la santé mentale », confirme M. Fiola. Un travail trilingue qui se concentrera cette fois principalement sur l’espagnol, afin de parvenir à traiter du mieux possible les réfugiés hispanophones ayant subi des traumatismes.