Christiane Beaupré
Journée des langues officielles 2025
Chaque année, le deuxième jeudi de septembre célèbre la Journée des langues officielles offre aux Canadiens l’occasion de célébrer le bilinguisme et de réfléchir à l’importance du français et de l’anglais dans la vie culturelle, sociale et économique du pays. Cette année, le 11 septembre, permet donc de rappeler que la diversité linguistique est un atout majeur pour le Canada, et qu’elle contribue à renforcer le tissu social et identitaire des communautés partout dans le pays.
Depuis sa création, la Journée des langues officielles s’articule autour d’un thème annuel. Pour 2025, le choix a été fait de se concentrer sur la littérature avec « S’unir autour des livres canadiens ». L’objectif est clair : mettre en lumière la lecture comme un puissant vecteur de dialogue interculturel et un moyen de rapprocher les communautés francophones et anglophones d’un océan à l’autre. La campagne du ministère du Patrimoine canadien, « Pour la Journée des langues officielles, j’encourage le livre canadien! », invite ainsi chacun à lire, partager ou offrir un ouvrage produit par un auteur canadien, soutenant concrètement l’industrie littéraire tout en favorisant le contact avec des œuvres locales.
Cette initiative repose sur le constat que la littérature est bien plus qu’un simple loisir : elle constitue un pilier culturel capable de nourrir la mémoire collective et de renforcer le sentiment d’appartenance. Le Fonds du livre du Canada soutient chaque année des centaines d’éditeurs, dont beaucoup appartiennent aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, permettant la publication de milliers de titres et la création de nombreux emplois.
Plusieurs auteurs franco-ontariens illustrent l’importance de la littérature comme vecteur de cohésion. Melchior Mbonimpa, né au Burundi et professeur à l’Université de Sudbury, a publié plusieurs romans et essais, dont Les morts ne sont pas morts, roman qui a remporté le Prix Christine-Dumitriu-Van-Saanen en 2006. Michel Ouellette, dramaturge originaire de Smooth Rock Falls, s’est distingué par des pièces telles que French Town et Le testament du couturier. Daniel Marchildon, de Penetanguishene, a signé une vingtaine de publications, allant du roman jeunesse aux ouvrages historiques.
Parmi les figures contemporaines, Gabriel Osson, poète et romancier vivant à Toronto, a remporté le Prix Alain-Thomas 2021 pour son roman Le jour se lèvera. Sébastien Pierroz, installé en Ontario depuis 2009, a publié Entre parenthèses, fresque sociale bilingue explorant les tensions culturelles au Canada. En 2024, Jean Mohsen Fahmy a été honoré par le Prix Alain-Thomas pour Par-delà les frontières, une histoire d’amour sur fond de guerre.
Du côté des autrices de chez nous, Michèle Laframboise, auteure de Rose du désert (2023), et Marie-Hélène Larochelle, auteure de Toronto jamais bleue (2024), comptent parmi celles qui apportent des voix uniques et diversifiées à la scène littéraire franco-ontarienne.
Ces auteurs et autrices montrent que la littérature permet non seulement de raconter des histoires, mais aussi de bâtir des ponts entre des communautés linguistiques et culturelles, de partager des expériences et de célébrer l’identité francophone en Ontario et au-delà. Leurs œuvres enrichissent le patrimoine canadien, tout en contribuant à une meilleure compréhension interculturelle.
La Journée des langues officielles n’est donc pas seulement une commémoration législative : elle est un moment de réflexion et d’action, un rappel que chaque lecteur peut contribuer à la vitalité de ses langues officielles. En s’unissant autour de la littérature canadienne, les citoyens affirment que le français et l’anglais sont bien plus que des outils de communication : ils sont des vecteurs de lien social, d’expression culturelle et d’identité nationale.
Photo : L’auteure Michèle Laframboise présentait ses livres au salon du SAFRAN à St. Catharines en 2024. (Crédit : Le Régional)