Dieu sait que le chemin pour créer sa propre entreprise peut être semé d’embûches. Cela peut malheureusement être encore plus le cas quand l’entrepreneur est une femme. C’est avec cette idée en tête que l’association Oasis Centre des Femmes a monté le programme Entreprenariat. Les participantes à la session de septembre 2012, session qui s’est terminée ce mois-ci, ont reçu leur diplôme le lundi 25 mars.
À cette occasion, Fayza Abdallaoui, coordinatrice du projet, est revenue sur la genèse du projet. « Oasis Centre des Femmes est une association qui existe depuis plus de dix ans et qui s’est développée d’abord autour de la lutte contre la violence faite aux femmes. Au fur et à mesure, l’idée a été d’accompagner les femmes francophones dans leur réinsertion, même si elles n’avaient pas été victimes de violence physique, déclare-t-elle. On partait du principe que, comme elles faisaient partie d’une minorité, il y avait d’autres types de violence auxquels elles pouvaient être confrontées, notamment la violence économique.
« Il y a trois ans, nous avons développé ce programme d’entreprenariat, financé par le ministère de la Condition féminine. C’est un programme qui s’adresse aux femmes francophones qui décident de monter une petite entreprise soit parce qu’elles ont un rêve à réaliser, souvent lié à leur expérience passée, soit parce qu’elles cherchent un complément de revenus. »
Le programme Entreprenariat se compose de plusieurs étapes, comme l’explique Fayza Abdallaoui. « C’est un programme qui s’est déroulé en trois phases. La première regroupait des cours théoriques assurés par Fabienne Breton, pour un total de 70 heures réparties sur 10 samedis, qui reprenaient tous les aspects de l’entreprenariat au Canada : comment créer une entreprise au Canada, comment rechercher des investissements, comment développer son business model. La deuxième phase était une phase de suivi personnalisé. Au-delà de l’appui théorique, on allait plus profondément avec les femmes dans leur projet personnel : les aider pour trouver des ressources, les mettre en rapport avec des experts, etc. La troisième phase consistait en un mentorat : on mettait les participantes du programme en relation avec un mentor : des femmes qui ont déjà fait leur plan d’affaires, qui sont déjà bien implantées. Ces femmes étaient soit des expertes (une comptable ou une spécialiste des médias sociaux, par exemple), soit possédaient le même profil : si une des participantes veut ouvrir une garderie, on va la mettre en relation avec quelqu’un qui gère une garderie, etc. ».
À voir l’ambiance extrêmement bonne entre les participantes, nul doute que l’expérience s’est révélée bénéfique. Eve Ferreira, diplômée de la promotion de septembre 2012, explique ce qui l’a poussée à suivre le programme. « Pour moi, l’entreprenariat, c’est un style de vie. J’ai toujours su que je voulais être mon propre patron. Ce n’est pas un choix, c’est une mission. Je n’aurais pas pu faire autrement dans la vie que d’être entrepreneur. C’est avec un petit morceau de chaque participante que je repars : elles étaient toutes dynamiques, motivantes et inspirantes. »
Malgré un bilan plus que satisfaisant (plus de 120 participantes de tous âges et de tous les horizons de la francophonie, dont une trentaine ont déjà monté leur propre boîte), le programme vit ses dernières heures. « On arrive à la fin du programme parce qu’on a eu le financement jusqu’au 31 mars 2013 et qu’il ne sera pas renouvelé, déclare Fayza Abdallaoui. La raison principale est que le ministère de la Condition féminine ne refinance pas le même projet deux fois. Nous avons une petite frustration, c’est sûr, mais nous allons nous réorganiser : le programme va être repris sous la bannière de ELAN, un programme d’appui à la recherche d’emploi. »
Photo : Promotion Septembre 2012 du programme Entreprenariat. De gauche à droite: Ivane Thiebaut, Sabine Raboteur, Aminata Keita, Hanane Jaouich, Rolande Dufour, Eve Ferreira, Fanny Brossa, Ludiwine Clouzot, Edwige Ngom