Richard Caumartin

La Maison de la Francophonie de Toronto (MFT) est un rêve des francophones de la Ville reine depuis plus de 40 ans. Depuis deux décennies, des Franco-Ontariens ont créé un organisme et fait beaucoup de démarches pour que ce rêve se réalise. Le porte-parole de ce comité a annoncé récemment que le groupe met fin à ses activités parce qu’il n’a pas obtenu les fonds nécessaires pour faire aboutir ce projet.

Dans son message, Kip Daeshsel fait une mise à jour de la dernière tentative du comité de créer pour la Francophonie torontoise des installations comparables à celles dont jouissent d’autres communautés francophones à travers le pays.

« Cette tentative, lancée au printemps 2023 et soutenue par le travail acharné d’une équipe de bénévoles pendant deux ans, a récemment été l’objet d’une fin de non-recevoir, complètement inattendue, de la haute fonction publique de Patrimoine canadien, responsable du programme des espaces communautaires de langue officielle (PCH).

« Par ailleurs, le refus de la ministre ontarienne des Affaires francophones, Caroline Mulroney, d’offrir un soutien, même modeste, au projet a laissé la voie ouverte aux fonctionnaires fédéraux d’avoir recours au ping-pong fatal entre les niveaux gouvernementaux comme prétexte officiel pour mettre fin au projet. Il est important que notre communauté comprenne les circonstances entourant cette décision navrante pour les francophones et francophiles de la Ville reine et d’ailleurs en Ontario. »

Il indique qu’en dépit de leur « profonde conviction, basée sur une série d’indicateurs très concrets que, cette fois-ci, l’issue pour la Maison serait différente. Nous avons eu tort ».

Apparemment, le fédéral n’a pas accordé à la MFT les ressources nécessaires pour lancer le projet, même si sa demande rencontrait toutes les conditions. « Nous avons appris que les hauts fonctionnaires chez Patrimoine canadien, malgré une série d’indications convaincantes qu’ils tenaient vraiment à ce que la Maison se réalise, ont, à notre insu, recommandé à leur ministre, Rachel Bendayan, qu’elle ne fournisse aucun financement au projet. À son mérite, la ministre Bendayan a repoussé cette recommandation. »

M. Daeshsel explique qu’une solution de rechange mirage a été offerte au comité avec l’intention de fournir à la MFT suffisamment de ressources pour se porter acquéreuse du site. « Le mot mirage est de mise parce que la somme proposée n’aurait pas permis à la Maison de s’acquitter de ses obligations financières récurrentes et l’aurait laissée dans une position intenable en ce que concerne ses demandes auprès d’autres bailleurs de fonds, tant publics que privés. Pire encore, la Maison aurait assurément perdu un engagement de financement privé déjà confirmé.

« De plus, la proposition mirage aurait rendu la Maison inadmissible au financement du programme BCVI (Bâtiments communautaires, verts et inclusifs) dans le cadre duquel nous avions demandé 2,3 millions de dollars. Cette inadmissibilité découlerait du fait que la Maison n’aurait pas été propriétaire de l’immeuble dans le délai requis, un critère essentiel de ce programme. »

Le président de la MFT indique que réunir tous les éléments nécessaires pour un projet de cette envergure est difficile, voire presqu’impossible. Après plusieurs tentatives au fil des ans, l’organisme a frôlé l’objectif.

« Si, après plus de 20 ans de travail bénévole acharné, l’investissement de plus de 246 000 $ de contributions privées et plus de 170 000 $ de financement public, et la soumission de multiples demandes de financement reconnus par PCH comme conformes aux critères de son programme, le projet n’a pas pu traverser la ligne d’arrivée, l’équipe de la Maison est contrainte à suspendre ses activités et procéder à la dissolution de la société. »

On se souviendra que la MFT a été constituée en 2014 en tant que société fédérale sans but lucratif. Sa mission principale était de renforcer la communauté francophone et francophile de Toronto en soutenant les nombreuses organisations socio-communautaires qui la desservent et en fournissant un lieu central où la communauté pouvait se rassembler, échanger et collaborer.

Le rêve était que le gouvernement joue un rôle dans la réalisation de ce projet longtemps chéri par la communauté francophone de Toronto. La volonté politique n’était pas au rendez-vous.