Richard Caumartin
Le Réseau en immigration francophone du Centre-Sud-Ouest (RIFCSO) et ses partenaires ont invité la communauté à participer à la cérémonie d’ouverture de la 12e édition de la Semaine nationale de l’immigration francophone (SNIF) le 1er novembre à l’Université de l’Ontario français (UOF). La SNIF est coordonnée par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et mise en œuvre par les Réseaux en immigration francophone.
« Le thème de cette année, Notre héritage de demain, propose une occasion d’échanger sur les héritages culturels de chacun, de découvrir l’héritage des peuples autochtones et de discuter du vivre-ensemble et de l’héritage que nous souhaitons laisser à nos enfants. La SNIF célèbre la fierté de s’épanouir dans des communautés francophones inclusives et de contribuer à la construction d’une identité enrichie par sa diversité », explique Edith Taki, la maîtresse de cérémonie de la soirée.
Cette rencontre était surtout l’occasion de procéder au lancement du projet des trois Réseaux en immigration francophone de la province « L’Ontario français expliqué par les immigrants », développé en collaboration avec l’Université d’Ottawa, et qui consiste en une série d’ateliers destinés à sensibiliser les nouveaux arrivants à la dualité linguistique de la province. Ces ateliers aborderont les droits linguistiques, les enjeux historiques et identitaires de la francophonie ontarienne, la valeur ajoutée du bilinguisme et la réalité des collectivités francophones en milieu minoritaire.
Parmi les invités pour l’événement, il y avait Normand Labrie (recteur de l’UOF), Roda Muse (sous-ministre aux Affaires francophones), Carl Bouchard (commissaire aux services en français), Alain Dupuis (directeur général de la FCFA) et Luc Bonaventure Amoussou (vice-président de l’AFO).
« Le projet avait quatre volets, précise Luisa Veronis, professeure de géographie à l’Université d’Ottawa. Ma collègue Monika Jezak et moi, nous nous sommes occupées de deux d’entre eux. L’un portait sur la valeur ajoutée du bilinguisme, en gros comment les personnes immigrantes perçoivent et vivent le bilinguisme, et l’autre volet était axé sur les défis, stratégies et succès des immigrants qui s’installent en Ontario français. Nous avons appris dans nos recherches que les immigrants valorisent beaucoup le bilinguisme mais ont deux différentes perceptions. L’une est le bilinguisme comme valeur instrumentale, c’est-à-dire pour obtenir de l’emploi, des études, pour développer sa carrière, pour s’intégrer. L’autre est une valeur symbolique, valoriser une langue pour ce qu’elle représente, la culture, l’identité, l’appartenance, être à l’aise dans sa langue. Nous avons appris qu’ils aiment beaucoup le bilinguisme canadien comme étant la marque identitaire du pays. Ils veulent apprendre les deux langues, mais ils valorisent aussi le plurilinguisme. Ça va au-delà du bilinguisme car souvent, ils proviennent de pays qui ont d’autres langues, le français est une langue coloniale, mettons en Afrique, et eux-mêmes parlent plusieurs langues, alors en général, ils favorisent le plurilinguisme. »
Pour ce qui est des défis, des stratégies et des succès, le directeur général du RIFCSO, Alain Dobi, et son équipe, ont identifié certaines histoires de succès parmi les immigrants. « Les 20 personnes avec qui ont a fait des entrevues étaient des gens qui avaient réussi. Ils nous ont parlé des défis, de l’emploi, de la langue et évidemment aussi des stratégies qu’ils ont mis en place (l’accès à l’information, le fait de s’impliquer dans les organismes francophones, développer des réseaux). Ils étaient très ouverts. Ils participaient partout, faisaient du bénévolat et on a remarqué une attitude d’ouverture, de flexibilité, et pour eux, la notion de succès était très variée. Certains disaient juste le fait d’avoir immigré ici, c’est déjà un succès. Juste le fait de s’impliquer, d’avoir un réseau, de connecter, ça c’est un succès pour eux », conclut Luisa Veronis.
Les 20 participants à ces recherches ont été choisis dans l’Est, dans le Nord et dans le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario. Ils provenaient des grandes villes telles que Toronto, Ottawa, Sudbury, et de régions plus éloignées en dehors des grands centres urbains. Originaires d’une quinzaine de pays différents certains étaient établis ici depuis 40 ans, et d’autres depuis 3 ans.
La soirée d’ouverture s’est achevée avec le témoignage d’une immigrante qui a participé au programme ÉLAN F, piloté et offert conjointement par Impact ON et la SÉO depuis novembre 2020. Élan F Hamilton est l’un des projets phares du plan d’action de l’initiative de la Communauté francophone accueillante. Il est également le premier incubateur francophone de la région.
Photo : Le chercheur Guillaume Deschênes-Thériault explique son apport au projet qui porte sur la riche histoire de l’immigration francophone en Ontario.