La campagne des 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe battait son plein du 25 novembre au 10 décembre partout au pays.
Le 6 décembre, c’était la Journée nationale de commémoration et d’action contre les violences faites aux femmes à la mémoire des 14 jeunes femmes assassinées à l’École polytechnique de Montréal en 1989 et toutes celles disparues en raison des violences.
Pour marquer cet événement, les hommes alliés d’Oasis Centre des femmes (OCF) ont organisé une discussion sur le thème « Un témoin outillé, une grande différence! » dans le but de ressourcer pour mieux agir. L’événement a eu lieu au campus du Collège Boréal à Toronto.
Les panélistes étaient Daniel Giroux (Collège Boréal), Serge Paul (ACFO-Toronto), Junior Mandoko (Collège Boréal), Arnaud Baudry (FrancoQueer) et Joe Tamko (Conseil de la coopération de l’Ontario). Le modérateur était Alexandre Paulin, consultant en droit français des affaires.
La directrice générale d’OCF, Dada Gasirabo, a expliqué le contexte de l’initiative « Sa lutte, ma lutte! » des hommes alliés qui ont décidé de se battre aux côtés des femmes pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux enfants.
Puis, Renaud Saint-Cyr, un des cofondateurs d’Oasis avec cinq autres femmes à l’époque, a résumé l’importance de l’organisme pour les femmes à Toronto.
La discussion a débuté avec le témoignage de Serge Paul, témoin d’un acte de violence sur sa cousine alors qu’il était enfant. « Nous avons tous été témoins de ces violences à la maison mais nous n’en parlons pas, on reste muets. Cette violence a fini tragiquement pour ma cousine et ça m’a beaucoup affecté. Ça fait 30 ans et ça me bouleverse encore aujourd’hui », raconte émotivement M. Paul.
Joe Tamko a témoigné de son expérience alors qu’il avait 8 ou 9 ans en France, dans un petit quartier surpeuplé de banlieue. « J’ai quatre sœurs et un jour, je suis allé chercher un tournevis chez le voisin. Le locataire me dit d’attendre un peu pendant qu’il se dispute avec sa femme qu’il gifle à maintes reprises, devant moi. Je suis resté bouche bée et j’ai assisté à cette scène jusqu’à ce que la femme frappe la fenêtre et se mette à saigner. C’est alors qu’on m’a dit de rentrer chez moi, raconte M. Tamko.
« Chez nous, c’était l’amour inconditionnel et cet événement est toujours resté dans ma tête. Depuis, lorsque je vois une femme qui a l’air embarrassée, ou qui est dans une situation tendue avec un homme, je lui demande si tout va bien. La plupart du temps, juste le fait de demander désamorce la situation. »
Pour sa part, Daniel Giroux a expliqué au panel et à l’auditoire comment le Collège Boréal faisait sa part pour aider la cause, les employés étant sensibilisés à la violence faite aux femmes.
« Chaque année, les collèges et universités doivent soumettre des rapports au ministère et expliquer ce qui est fait pour combattre cette violence qui n’a pas sa place dans notre société, dit-il.
« À Boréal, nous essayons depuis peu de sensibiliser le ministère au fait que lorsqu’une institution de 4000 étudiants ne déclare aucun acte de violence faite aux femmes durant son année académique, ce n’est pas normal. Pourquoi pénaliser les institutions qui déclarent des cas? Ça veut dire qu’ils font leur travail et ne restent pas les bras croisés devant le problème. »
En dernier lieu, Papa Ladjiké Diouf, directeur, dépendances et troubles concomitants – services aux adultes pour le Centre d’appui et de prévention à Ottawa, a fait un exposé sur les comportements de la violence, une forme de socialisation et il a répondu aux questions de l’auditoire.
Une soirée bien spéciale au cours de laquelle les hommes ont pu exprimer toutes sortes de sentiments mais surtout leur appui pour Oasis Centre des femmes.
Photo: Des alliés des femmes.
De gauche à droite : Arnaud Baudry, Serge Paul, Daniel Giroux, Alexandre Paulin, Joe Tamko et Junior Mandoko