La Société d’histoire de Toronto, en partenariat avec l’Alliance française, accueille le récipiendaire du Prix Francine-Ouellette 2016, Benoît Thibeault en conférence sur la guerre froide. Son implication à faire connaître l’histoire de sa municipalité ainsi que ses conférences sur le patrimoine militaire du Canada lui ont valu de nombreuses reconnaissances.

La tension durant la guerre froide s’est rapidement intensifiée forçant le Canada à s’allier à ses voisins du Sud, les États-Unis. En fait, à cause de plusieurs emplacements stratégiques, le Canada est devenu le pays d’accueil de stations militaires et de bombes atomiques. Les gens craignaient d’être attaqués par voie du grand nord.

« C’est en 1958 que les États-Unis et le Canada signent une entente de protection mutuelle. Ils construisent trois gigantesques lignes de radars pour détecter l’intrusion de bombardiers ennemis en route pour attaquer les centres stratégiques de l’Amérique du Nord », explique M. Thibeault. Voilà le début d’un partenariat pas toujours facile.

Si l’ordre ultime de lancer une contre-attaque était supposé venir conjointement des Américains comme des Canadiens, le président des É.-U. n’aurait pas hésité à donner l’ordre sans consultation. Pourtant, c’est sur le sol canadien à La Macaza et à North Bay que se trouvaient les armes.

Les deux complexes militaires ont été construits en temps record et, dès 1962, sont prêts à une attaque éventuelle. Par contre, les 28 abris de missiles ne seront pas armés avant 1964, après deux années de refus de la part du Canada. « Les missiles ont été livrés en pleine nuit; les gens les appelaient les birds », partage M. Thibeault. C’est John Diefenbaker qui refusait d’abriter des armes nucléaires au Canada et d’être le pantin des É.-U., même alors que John F. Kennedy persistait à lui mettre de la pression.

« Il l’a même menacé en privé de faire tomber son gouvernement minoritaire », raconte M. Thibeault. C’est à la suite de l’élection du gouvernement de Lester B. Pearson que les armes sont autorisées.

La base militaire de La Macaza est souvent référée comme un village dans un village à cause de ses installations surprenantes tels qu’un superbe terrain de golf et une piscine souterraine. À l’heure actuelle, un pénitencier fédéral s’y trouve. Le bunker à North Bay, conçu pour résister à une bombe 267 fois plus puissante que celle qui s’est abattue sur Hiroshima, existe toujours mais est fermé au public.

D’autres éléments de la guerre froide ont marqué l’histoire et la fierté du Canada, par exemple l’arrivée des avions Voodoo, un sujet chaud au sein de la communauté aéronautique.

« Deux ans après la fermeture du projet Arrow, qui avait fait perdre environ 14 000 emplois, le Canada achète des avions Voodoo de fabrication américaine pour remplacer les vieux. On en parle encore de nos jours », conclut le conférencier.

PHOTO (crédit: militarybruce.com) – L’ancienne base militaire de La Mazaca