Organisée par le Centre de la francophonie des Amériques, la deuxième édition de la série Noires Amériques propose des rencontres littéraires en ligne avec de grands auteurs de la francophonie internationale. Ces moments d’échanges ont pour but de promouvoir les valeurs de l’inclusion, du dialogue et de faire découvrir la richesse et la diversité de la littérature francophone du continent américain.
Le mercredi 9 février, Rodney Saint-Éloi, écrivain et directeur des éditions Mémoire d’encrier et animateur des rendez-vous Noires Amériques, accueillait Blaise Ndala, auteur de trois romans qui percent la bibliothèque de l’Occident colonial et fait résonner le regard africain.
Les discussions sur le racisme, le « vivre ensemble », l’altérité et la liberté constituent le fil conducteur des entretiens de cette série. Des gens de la francophonie d’Haïti, d’Allemagne et des États-Unis, pour en nommer quelques-uns, se réunissent en ligne pour écouter cette discussion.
« Les livres de Blaise Ndala sont plus que de simples œuvres, ce sont des événements », mentionne Rodney Saint-Éloi pour présenter son invité.
Le premier roman de M. Ndala, J’irai danser sur la tombe de Senghor, publié en 2014, se décrit comme un plongeon d’une grande perspicacité vers les dimensions sociopolitiques d’un univers aussi cauchemardesque que fantasmagorique lors du « combat du siècle » entre Mohamed Ali et George Foreman.
« Le roman est dédié à mon oncle, grand amoureux de la rumba et qui a vécu le Rumble of the Jungle. C’est un roman d’apprentissage », présente M. Ndala. Les droits cinématographiques viennent d’être achetés et un film tiré du roman sera produit dans les prochaines années. À suivre.
« Mon deuxième livre est issu d’une série d’observations et a mûri longtemps », partage l’auteur. Il parle de son œuvre Sans capote ni Kalachnikov publiée en 2017. En début d’écriture, il observait les opérations de la Coopération internationale en développement et en droits de la personne au Congo.
« Ces organisations ont leur propre manière de voir la façon qu’elles devraient nous aider », avance-t-il. Le mal ne se retrouve pourtant pas que dans un seul camp. « Il y a un rapport de pouvoir entre celui qui donne et celui qui reçoit et il y a quelque chose de pas très clair, peut-être avec la solidarité internationale », précise M. Ndala.
Ayant vécu plusieurs années en Europe et au Canada, Blaise Ndala a-t-il peur que son regard s’occidentalise? « Très certainement que mon regard s’occidentalise, s’exclame-t-il. Ces identités qui se sont ajoutées ne me font pas oublier les autres. Cette richesse aiguise mon intelligence », affirme l’auteur bienveillant.
Il prend l’exemple de l’homosexualité qui n’est plus autant un combat au Canada qu’il ne l’est au Congo. « J’ai intériorisé cette question et c’est maintenant une réalité très banale. »
Ce n’est pas le cas pour certaines de ses connaissances en Afrique. « Le Congolais que j’étais n’a plus le même rapport au monde que celui qui vit en Ontario français car les gens le long de ma route me transforment. C’est pourquoi le racisme n’a pas de sens. En nous il y a toujours l’autre », Blaise Ndala. À l’évidence, son éloquence ne s’arrête pas à son écriture.
PHOTO – Blaise Ndala lors de la conférence en ligne.