Les relations entre l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et le ministère des Affaires francophones se sont beaucoup améliorées au cours des deux dernières années.

Les temps ont bien changé depuis le jeudi noir, en Ontario.

Le président de l’AFO Carol Jolin, son directeur général Peter Hominuk et l’analyste politique oeuvrant au sein de l’organisme, Bryan Michaud, sont tous les trois d’accord pour dire que la preuve de ces progrès se trouve dans l’avancement des dossiers.

Il y a deux ans, dans la foulée des coupes du gouvernement Ford en francophonie, les tensions étaient des plus palpables entre Carol Jolin et la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney.

« Les discussions étaient beaucoup plus rares, on ne s’entendait pas. C’était évident. Je n’ai jamais su comment c’était pour elle », se souvient-il.

Après avoir passé beaucoup de temps à tisser méticuleusement ces liens, les deux s’appellent aujourd’hui par leur prénom et les dossiers avancent mieux que jamais, juge le président de l’AFO.

« La relation avec Mme Mulroney est très bonne. Elle s’est positionnée comme une alliée de la francophonie, depuis le temps du jeudi noir. On est conscient que ça n’a probablement pas été facile pour elle au départ, mais depuis ce temps-là, on a fait énormément de travail. »

Il juge que c’est notamment la force des réseaux francophones qui a permis au gouvernement ontarien de comprendre l’importance de la communauté.

« Je pense que la manifestation du 1er décembre 2018 a sonné des cloches de façon très forte. La Résistance a établi qu’on est sérieux, et ça a fait bouger le gouvernement. Les gens ont participé à 100 milles à l’heure, et ça nous a amené une crédibilité avec le gouvernement. Aujourd’hui, on le sent dans la façon qu’il nous approche. »

Néanmoins, M. Jolin rappelle que si l’AFO doit critiquer à nouveau le gouvernement, il n’hésitera pas, peu importe le parti au pouvoir. « On l’a déjà fait, et ce n’est pas parce qu’on a un bon dialogue qu’on ne sortira pas si on voit un recul. »

Les progrès

Depuis le jeudi noir, la verve de la population franco-ontarienne a mené au retour du ministère provincial des Affaires francophones ainsi que de l’Université de l’Ontario français, en partie grâce à l’intervention d’Ottawa.

Par ailleurs, M. Jolin souligne que la lutte de longue date menée entre autres par la néo-démocrate France Gélinas pour l’ajout des accents français sur les permis de conduire a récemment été gagnée.

Bientôt, les caractères français devraient aussi être disponibles sur les cartes santé, l’une des premières motions présentées par la députée Amanda Simard à son arrivée à Queen’s Park.

Le président de l’AFO note également le « travail acharné » de l’assistante parlementaire de Mme Mulroney, la députée Natalia Kusendova.

C’est en partie grâce à son travail que le drapeau franco-ontarien est devenu, au début de l’automne, un emblème officiel de la province, au même titre que le drapeau de l’Ontario.

En fait, presque tout ce que le gouvernement Ford avait l’intention d’éliminer en 2018 a été rétabli, et plus encore.

Tout, à l’exception du Commissariat aux langues officielles.

Mais cela pourrait changer, si le gouvernement de Doug Ford accepte de rétablir l’indépendance du chien de garde des langues officielles en Ontario lorsqu’il modifiera la Loi sur les Services en français.

Carol Jolin espère que le gouvernement fera la refonte de cette Loi avant les prochaines élections provinciales, puisqu’il est convaincu qu’elle permettra de « donner un nouvel essor à la francophonie ».

En attendant, il mise sur ses bonnes relations avec la ministre Mulroney pour que ça se concrétise.

SOURCE – Émilie Pelletier, Initiative de journalisme local, Le Droit / La Presse canadienne

PHOTO – Carol Jolin