Gaston Tremblay, écrivain en résidence de la Bibliothèque de référence de Toronto pour les mois d’octobre et novembre, a réuni, le mardi 10 novembre, les auteurs Marguerite Andersen, Didier Leclair, Mireille Messier et Paul Savoie afin de discuter de l’état de la littérature franco-ontarienne. Ces panélistes, d’origines diverses, ont discuté des obstacles que cette littérature rencontre, à partir de leur expérience personnelle et professionnelle. Les participants ont ensuite posé des questions aux écrivains invités, puis la soirée s’est close par une synthèse de l’auteur Paul-François Sylvestre.

Tout d’abord, M. Tremblay, ancien directeur général des éditions Prise de parole, a fait état des lieux de l’institution littéraire en Ontario français. Il a en outre rappelé son rapport inégal avec le pouvoir, faisant le parallèle avec les institutions françaises qui, elles, ont réussi à s’émanciper du pouvoir politique pour devenir indépendantes.

Mais avant toute chose : qu’est-ce qu’un écrivain franco-ontarien? « On ne naît pas franco-ontarien, on le devient », 

disait le sociologue Roger Bernard, faisant écho à ce qu’aurait dit Gaston Miron : « Je suis né Canadien français, je suis devenu Québécois ».

M. Tremblay en est ainsi venu à expliquer le rôle important que ce dernier a eu au sein de Prise de parole. Il fut en effet un temps où M. Miron se promenait d’une librairie à l’autre afin de vendre les livres de la littérature franco-ontarienne au Québec.

Il a ensuite fait un retour sur la littérature du vacuum, qui caractériserait la littérature franco-ontarienne : vacuum géographique puisque les Ontariens qui parlent la langue de Molière sont dispersés sur le large territoire quasi anglophone; vacuum institutionnel puisque les auteurs franco-ontariens ne sont ni les héritiers de la littérature canadienne-française, qui s’amorça avec la Nouvelle-France, ni rattachés aux nombreuses institutions québécoises; et vacuum social, puisque l’identité franco-ontarienne ne serait non pas une hérédité, mais un choix individuel effectué au sein d’une culture anglophone ayant la majorité des pouvoirs politiques et économiques.

Marguerite Andersen croit quant à elle que ce concept est dépassé, ce à quoi M. Tremblay rétorque que les dangers d’assimilation sont toujours présents. Dans cette veine, Didier Leclair définit la littérature franco-ontarienne de « littérature d’accueil […] à la voix unique et singulière », mais qui est constamment menacé de survie. « Ce qui est terrible avec la littérature franco-ontarienne, c’est le fait qu’il y a si peu de librairies et que la plupart des bibliothécaires en ont une connaissance lacunaire », 

renchérit Mme Andersen. « Un de nos plus gros défis, c’est l’accès à nos livres franco-ontariens », ajoute Mireille Messier, elle qui fut l’ambassadrice du mouvement « Le 25 septembre, j’achète un livre franco-ontarien ». Pourquoi ne pas s’en inspirer et acheter un livre franco-ontarien pour Noël?

Photo: Les panélistes. De gauche à droite : Gaston Tremblay, Marguerite Andersen, Mireille Messier, Didier Leclair et Paul Savoie