Le lundi 16 novembre marquait l’anniversaire de la mort de l’un des grands héros canadiens, Louis Riel. Leader de la communauté métisse, il œuvra toute sa vie pour l’unification du peuple métis et la reconnaissance de ses droits. Mis à mort par le gouvernement, sa disparition n’entravera pas un processus déjà bien amorcé qui mènera vers une reconnaissance du peuple métis et de sa culture. 

Aujourd’hui, la communauté forme l’un des trois peuples autochtones reconnus par la constitution canadienne. Elle bénéficie de droits communautaires et éducationnels et s’est réconciliée avec le gouvernement. La preuve : voir le ministre ontarien des Affaires autochtones, David Zimmer, s’essayer gaiement au jeu musical des cuillères métisses durant une gigue improvisée par les représentantes de la jeunesse métisse en ce jour de célébration à l’hôtel de ville de Toronto. 

Le violon s’affole, accompagné de traditionnels battements de pieds et la danse s’endiable pour attirer sur la piste jusqu’au conseiller municipal. La culture est une valeur importante de la communauté métisse explique la vice-présidente de la Métis Nation of Ontario (MNO), France Picotte. « Nous nous exprimons énormément à travers l’art mais la culture métisse ce n’est pas seulement le chant, la gigue, jouer des cuillères, dit-elle. C’est aussi le respect de la nature, le respect des autres et de nos aînés. »

Drapés des traditionnelles ceintures fléchées aux couleurs flamboyantes, les invités sont venus représenter les 18 000 membres du peuple métis répartis dans la province et se poser comme membres d’une grande famille. Ces derniers sont les descendants des enfants nés de marchands européens et de femmes amérindiennes. 

Jeunesse métisse

Longtemps pointés du doigt, un bon nombre de jeunes n’ont pas pu vivre pleinement leur culture. « Beaucoup d’entre nous n’ont pas eu la chance d’avoir grandi au sein de la culture traditionnelle métisse à cause de l’intolérance et du racisme qui en découlaient », raconte Lindsay DuPré, représentante de la cause féminine à la MNO et porte-parole de la jeunesse métisse. Petit à petit la jeune femme a pris contact avec la communauté métisse pour en devenir une actrice à part entière : « C’est très important pour moi. Je sais qui je suis et d’où je viens ». 

La jeunesse semble décidément prête à reprendre le flambeau à l’heure venue afin de préserver et porter la culture métisse aux futures générations. Protéger la tradition tout en l’adaptant au monde contemporain, voilà la vision d’une jeunesse qui a délaissé les blessures du passé. Un beau jour pour Louis Riel qui peut considérer son œuvre accomplie. 

Photo: David Zimmer (à gauche) et Mike Layton tiennent les cuillères traditionnelles métisses offertes par Lindsay DuPré.