Le mois d’octobre à Toronto signifie aussi le mois de célébration de la culture créole. Pour l’occasion, le Centre francophone de Toronto (CFT), en partenariat avec la Bibliothèque de référence, a organisé une projection du documentaire D’amour et de silence sur le célèbre auteur martiniquais Joseph Zobel. La séance était suivie d’une table ronde avec Olivier Codol, réalisateur du documentaire avec Kamel Kezadri.

L’auteur de La rue Cases-Nègres et de Diab’la était un imposant personnage, un conteur exceptionnel, un artiste touche-à-tout qui pratiquait autant l’art littéraire que la poterie et qui est devenu un symbole de la culture antillaise par son écriture « directe, sincère, et emplie d’images », pour citer la comédienne Jenny Alpha.

Le documentaire retrace l’enfance de Zobel, alors qu’il travaillait, comme une majorité d’Antillais, sur les plantations de cannes à sucre – mais qu’il faisait tant de bêtises que sa grand-mère le menaçait de l’envoyer à l’école! On relate aussi son exil à Paris, son séjour au pays de ses origines, le Sénégal, où il fera de la radio, et son expérience au journal antillais Le Sportif, alors qu’il écrivait sous un pseudonyme afin de contourner la censure omniprésente. « On se bat puisqu’on existe aujourd’hui », disait Zobel. 

Une panoplie d’auteurs, poètes, comédiens, musiciens et même sociologues ont aussi témoigné à la caméra de ce que l’œuvre de Joseph Zobel représentait pour eux et pour les Antilles dont Ernest Pépin, André Lucrèce, Patrick Chamoiseau, Moune de Rivel, Édouard Glissant, Jenny Alpha et Jean-Jacques Beylace. Tous s’entendent sur son immense talent de conteur, son humilité et son grand charme. 

Lors de la table ronde, Olivier Codol a raconté à l’auditoire sa première rencontre avec l’auteur lors d’un festival de cinéma francophone. « Zobel avait une ouverture sur le monde. C’est ça qu’il faut retenir de lui. Il ne s’est pas limité au peuple antillais », insiste M. Codol. Il créait simplement « pour faire quelque chose de beau », a-t-il conclu.

 

Photo:  Sophie Bernier, coordonnatrice du volet culturel au CFT, et le réalisateur Olivier Codol