Les conséquences de la pandémie liée à la Covid-19 se multiplient de jour en jour, provoquant auprès de tous des changements de vie et un impact économique sans précédent. Dans le domaine de l’immobilier, de nombreuses questions inquiètent les locataires, propriétaires et investisseurs.
Laurence Jollivet, courtière en immobilier chez Engel & Völkers, répond à certaines de celles-ci sur son site internet : https://laurencejollivet.evrealestate.com/Covid-19-Q-A.
Quelles précautions prenez-vous auprès de vos clients?
« Dès le 6 mars, j’offrais des lingettes désinfectantes à mes clients lors de visites de logements. Depuis, la prise de conscience visant à protéger clients, occupants des logements visités et soi-même s’est amplifiée au sein de la profession, grâce notamment aux messages diffusés par TRREB et RECO (deux organismes qui supervisent l’activité des agents immobiliers à Toronto et au niveau de la province). Il est ainsi fortement recommandé de ne plus organiser de portes ouvertes, de limiter les visites et le nombre de visiteurs autant que possible en mettant en place des visites virtuelles, de respecter la distanciation sociale, de se munir de gants et de lingettes désinfectantes et de nettoyer les zones les plus exposées (poignées de porte, clés, etc.) lors des visites. »
Quels services en lien avec les transactions immobilières fonctionnent aujourd’hui?
« Selon l’annonce faite par Doug Ford le 23 mars dernier et la liste mise en ligne sur le site du gouvernement provincial, les secteurs de l’immobilier, les activités financières (banques), les services professionnels incluant les avocats, les services d’enregistrement foncier ou encore les métiers de la construction ou de déménagement ont été identifiés comme des services essentiels. Le système d’enregistrement foncier est actuellement opérationnel, selon les horaires habituels. »
Que dois-je faire si j’ai signé un contrat d’achat et de vente?
« La situation de pandémie que nous connaissons actuellement n’est pas une raison valable pour rompre un contrat qui a été signé. Seule la fermeture du système d’enregistrement foncier et l’impossibilité de recevoir les fonds de la part de l’organisme prêteur seraient des raisons valables de ne pas clôturer la transaction. Si vous venez de signer un contrat d’achat et de vente, au regard de la situation actuelle, déterminez s’il serait nécessaire de faire un avenant au contrat portant en particulier sur la condition d’inspection du logement, la condition de financement, les versements des fonds, etc. (voir explications sur le site de Mme Jollivet)
Il est essentiel que vendeurs, acheteurs, agents immobiliers et avocats travaillent et définissent ensemble les changements nécessaires à apporter au contrat initial, de façon équitable. Si votre situation financière a changé de façon drastique (perte d’emploi, impossibilité de réunir les fonds nécessaires à cause de la baisse des cours boursiers), communiquez dès maintenant avec votre agent immobilier, votre avocat et votre banque. »
Je suis un locateur et je suis impacté par la Covid-19
« Les propriétaires peuvent être doublement impactés dans une situation financière difficile, s’ils combinent à la fois perte de salaire et perte de revenus locatifs. Les six banques canadiennes ont annoncé le 18 mars dernier la possibilité de reporter les versements hypothécaires jusqu’à six mois dans le cadre de mesures extraordinaires pour aider les clients en difficulté avec la Covid-19. Mais restons lucides : les premiers témoignages lus dans la presse montrent que les banques ne vont pas accepter des reports de paiement à tout va, sans procéder à l’étude d’un dossier au cas par cas. Les banques canadiennes ne veulent pas se retrouver dans la situation qu’ont connu les banques américaines en 2008, à savoir, saisies de millions d’habitations et chute vertigineuse des prix immobiliers.
Avant d’envisager une telle option, explorez les solutions suivantes : décaler le paiement de votre taxe foncière et de votre facture d’eau et d’ordures ménagères de 60 jours selon l’annonce faite par John Tory le 20 mars dernier. Si vous êtes un particulier, vous pouvez remettre votre déclaration d’impôts au 1er juin (au lieu du 30 avril). La date limite de paiement du solde dû est repoussée au 1er septembre (sans pénalités). Si votre bien locatif est détenu via une corporation, vous devez toujours produire votre déclaration d’impôts pour le 1er juin au plus tard, mais pourrez payer votre solde dû au 1er septembre au plus tard. Consultez le site de l’Agence du Revenu du Canada pour plus de détails.
Réévaluer et réajuster les dépenses d’entretien et de maintenance, réajustez le planning des gros travaux d’entretien, en privilégiant uniquement les travaux urgents. Maintenir de bonnes relations avec ses locataires est primordial. L’objectif est d’agir en toute bonne foi, et de trouver un accord à l’amiable qui permette à chacun de s’ajuster en ces temps difficiles pour tous. »
Est-ce le bon moment de vendre ou d’acheter?
« C’est actuellement la question qu’on me pose le plus fréquemment. Ma réponse en retour est en fait une question, qui fait appel au bon sens : ‟devez-vous obligatoirement vendre ou acheter maintenant ?” Certaines circonstances, valables et urgentes, peuvent en effet exiger de devoir vendre ou acheter un logement, même en ces temps d’incertitude.
Selon BrokerBay, le nombre de visites a chuté de 50 % en moyenne entre la semaine du 9 au 15 mars et la semaine du 16 au 23 mars. Le nombre d’offres enregistrées a chuté plus ou moins dans les mêmes proportions. Alors que le volume des ventes en février 2020 avait atteint un record (+31 % par rapport à février 2019) dans le Grand Toronto, il est fort probable qu’on assiste à une chute drastique du nombre des transactions dans la seconde quinzaine de mars. »
Quel est l’impact sur les prix ?
« Depuis plusieurs années, Toronto et sa région sont identifiées comme des marchés-vendeurs. L’offre reste insuffisante par rapport à la demande. Depuis la fin de l’année 2019 et le début de l’année 2020, on a constaté une hausse des prix à deux chiffres : +16,7 % en février 2020 par rapport à février 2019 dans le Grand Toronto, +17,7 % pour la ville de Toronto. Tous les types de logement (maisons comme condos) enregistraient des hausses de prix à deux chiffres.
Plusieurs facteurs sont en jeu, soit les récentes baisses des taux hypothécaires (baisse de 1,5 point du taux directeur de la Banque du Canada en moins de deux semaines, du jamais vu), conjuguées à une offre insuffisante, peuvent contribuer à maintenir, voire à augmenter les prix du marché immobilier dans certains segments.
En revanche, la chute des titres boursiers, les pertes d’emploi qui s’intensifient chaque jour ainsi que le risque d’un accès au crédit plus compliqué auprès des organismes prêteurs/banques vont certainement sortir de nombreux acheteurs du marché. »
SOURCE : Laurence Jollivet