Josée Duranleau a passé son samedi après-midi du 8 décembre dans une braderie de quartier, debout, devant sa table, à sourire. C’est donc une histoire de passion. Josée Duranleau, a expliqué à des curieux, le principe de son art. Artiste, elle l’est. Une artiste du dimanche assumée qui profite des rares moments de liberté que sa profession d’attachée de presse lui laisse pour créer. « Quelques semaines de vacances l’été dernier, le soir en rentrant à la maison, parfois en fin de semaine… », confie-t-elle.
Ce qu’elle crée, son art, c’est elle qui en parle le mieux : « Je fais des collages à média mixtes ». C’est-à-dire qu’elle utilise plusieurs techniques de collages et plusieurs matériaux. « C’est tout fait à la main, il n’y a rien de digital dans ce que je fais. Je coupe des morceaux de photo, j’ajoute de la peinture, des estampes, de l’encre, j’utilise encore un pochoir… » Le résultat donne plusieurs petits tableaux colorés, assez jolis, dont les thèmes reviennent régulièrement.
« J’aime ça aussi, travailler en série », ajoute-t-elle. Par exemple, on peut voir une série sur Joséphine Baker, une série sur Ganesh, le dieu éléphant indien, une série sur la mère de l’artiste, Jacqueline. « Ma mère a eu 80 ans cette année, et je me suis dit que j’aimerais ça, faire un genre d’hommage », précise-t-elle. Josée Duranleau a ainsi choisi ses photos favorites de sa maman, en les mettant dans des contextes différents. Par exemple, cette photo de Jacqueline en pantalon (« ce n’était pas très courant en 1953 »), très belle, assise sur des rails. « J’ai ajouté une couverture de boîtes d’allumettes avec un train dessus, et aussi un billet de train de première classe de l’époque », poursuit-elle. Jacqueline sourit encore sur deux ou trois autres tableaux.
Une autre série représente donc Joséphine Baker, pagne autour des hanches, cheveux courts, sourire espiègle. En fond, une tour Eiffel. Josée Duranleau est fascinée par la chanteuse de music-hall qui enflamma les cœurs parisiens dans l’entre-deux guerres : « J’ai commencé à m’intéresser aux années 1920, avec Louise Brooks. Je suis fascinée par cette époque qui a vu les femmes se libérer, se mettre à fumer, à boire, à danser, se couper les cheveux. ».
Les séries sur les Boud-dhas, ainsi que sur Gamesh adoptent un style sud-asiatique assez fidèle à leur culture d’origine. En fait, toute dans cette œuvre transpire l’invitation au voyage. Pourtant, si Josée Duranleau est une habituée de Paris, que l’on croise très facilement dans le terminal 2 E de l’aéroport de Roissy, elle n’est pas encore allée en Inde. En fait, ses voyages sont autant réels qu’imaginaires. Baudelaire disait que les plus beaux voyages étaient ceux que l’on faisait de sa chambre à coucher. Il y a un peu de cela, dans les œuvres de Josée Duranleau, qui invite à voyager dans le temps, dans l’espace, sans quitter Toronto, sans quitter notre époque. Simplement en regardant ses tableaux.
Photo : L’artiste Josée Duranleau utilise plusieurs techniques de collages et plusieurs matériaux.