L’exposition Féminin Dédoublé à la Galerie Glendon réunit les œuvres de huit artistes torontoises et québécoises autour du thème de la représentation sociale et de l’image contemporaine de la femme. À mi-chemin entre l’Ontario et le Québec, cette exposition questionne le spectateur sur la vision du féminin contemporain.

Deux thématiques se dégagent de cette exposition : la première autour de « devenir autre » met en exergue plusieurs œuvres autour de la personne que l’on souhaiterait être, d’un certain idéal. Parmi ces œuvres, le film Patsy tourné par Izabel Barsive propose des modèles de féminité idéalisés autour de la danse. On y retrouve aussi la comparaison animalière créée par Sophie Privée avec ses tableaux Limbus de trois femmes aux têtes d’animaux de proie. Véronique La Perrière questionne le spectateur sur le reflet de l’idéal en exposant Le Papier maléfique, dessin d’une femme en train d’être dessinée pendant que l’artiste disparaît au fur et à mesure que l’œuvre s’achève. Elle expose également un portrait monumental d’une femme avec le reflet de l’artiste dans le miroir, laissant ainsi place à l’imaginaire. Pour sa part, Anouk Desloges a choisi de représenter, avec Karesansui, un paysage d’influence japonaise, à la fois technique et poétique sous la forme de grandes sculptures anguleuses. 

La seconde thématique s’articule autour du thème « être autre » et de la considération du regard de l’autre sur soi. Ainsi l’oeuvre la plus sociale est sûrement celle de Catherine Sylvain qui représente sur un grand cercle le Tissu social avec des petits hommes sculptés qui interagissent les uns allongés, les autres debout. Cette œuvre évoque le besoin fondamental de contact humain que nous ressentons. 

L’avocate Julie Lassonde s’est également intéressée à l’autre mais sous forme de tension sociale. Ce soir-là, elle proposait deux choses : un film qui compare avec des objets de tous les jours les tensions sociales à des tensions qu’elle ressent dans son corps, et puis une performance au cours de laquelle l’artiste a exprimé son désir de comprendre ses tensions et de s’en débarrasser en vidant une valise, en effectuant une chorégraphie et en posant symboliquement, sous forme de balance de la justice, ses tensions sur le mur avec du ruban adhésif. 

Erica Brisson a également pensé à dépeindre la population multiculturelle de Toronto à l’aide de deux panneaux Local Color remplis de petits dessins et textes. Enfin l’artiste d’origine suisse et égyptienne, Yasmine Louis, parle avec Histoires de famille de son identité multiple et fragmentée dans ses œuvres en représentant sa famille à travers différents lieux.

La commissaire de cette exposition, Jeanne-Elyse Renaud, avait déjà travaillé sur plusieurs expositions mettant en lien la communauté avec le travail d’artistes professionnels. Pour Féminin Dédoublé, elle a mis un an et demi à rassembler toutes ces artistes « qui travaillent toutes avec des médiums très différents, précise-t-elle. C’est une exposition qui parle de l’identité qui peut être double ou plurielle, ainsi que des relations avec les autres ». 

Un beau regroupement d’oeuvres qui amène à réfléchir sur la vision contemporaine de la femme et son impact sur la société, ainsi que sur le questionnement intérieur entre l’être et le devenir. 

L’exposition Féminin Dédoublé se poursuit jusqu’au 13 mars à la Galerie Glendon, 2275, av. Bayview à Toronto. La galerie est ouverte du mardi au vendredi de midi à 15 h et le samedi, de 13 h à 16 h.

Photo: De gauche à droite : Les artistes présentes et la commissaire Izabel Barsive, Jeanne-Elyse Renaud, Julie Lassonde, Anouk Desloges et Yasmine Louis