Fort York était, le dimanche 9 avril, le théâtre d’une cérémonie commémorative du centenaire de la bataille de Vimy.
Face aux soldats et à la foule massée le long des allées du site historique national, Larry Ostola, directeur des Services des Musées et du Patrimoine à la Ville de Toronto, a rappelé l’exploit réalisé par « les quatre divisions canadiennes qui combattaient ensemble pour la première fois et qui, sous une pluie d’obus, allaient faire le sacrifice ultime pour leur patrie ».
Près de 3600 Canadiens ont perdu la vie et 7000 autres ont été blessés dans les plaines de l’Artois, dans le nord de la France, en ce mois d’avril 1917. La Grande Guerre embrase l’Europe depuis trois ans. L’armée canadienne vient de payer un lourd tribut à la bataille d’Arras, une vaste offensive menée par les Français, les Britanniques, les Australiens et les Néo-Zélandais autour de la ville d’Arras, à 175 km au nord de Paris.
En s’emparant de la crête de Vimy, solidement fortifiée, protégée par plusieurs lignes de tranchée et de fil barbelé, le corps expéditionnaire canadien est parvenu à faire sauter un verrou stratégique barrant l’accès aux mines de charbon lensoises, exploitées par les nazis pour leur effort de guerre. Il a surtout réussi là où ses alliés avaient échoué en 1915 et 1916, avant de concentrer le feu sur Verdun.
Une victoire arrachée en quatre jours grâce, entre autres, à la tactique du général Byng. Retenant les leçons de la meurtrière bataille de la Somme, il décide de couvrir la progression de ses hommes sur leurs flancs et généralise le tir de mouvement, ne laissant aucun répit aux Allemands. Il accorde surtout aux soldats une certaine autonomie dans leur prise de décision, de façon à s’adapter à la réalité du terrain. Il s’appuie enfin sur plusieurs innovations dans l’artillerie comme de nouveaux obus, recourt au barrage roulant et prolonge les tunnels français et britanniques jusqu’aux lignes allemandes afin de prendre l’ennemi en tenaille.
« Ils se sont battus pour des principes que nous perpétuons aujourd’hui : la liberté, l’intégration, une société prospère fondée sur un gouvernement stable et démocratique, a déclaré Elizabeth Dowdeswell, lieutenante-gouverneure de l’Ontario, après avoir passé les troupes en revue. La Grande Guerre nous a montré que la liberté et la sécurité nécessaires à la poursuite de nos rêves avaient un prix. Ceux qui nous ont servis nous ont fait confiance. Nous avons une dette envers eux que l’on ne pourra jamais complètement honorer et que nous ne devons jamais oublier. »
« Nous honorons l’héritage de la bataille de Vimy et de tous ceux qui sont morts pour défendre nos valeurs, a ajouté la première ministre Kathleen Wynne. Nous glorifions leur mémoire mais ne glorifierons jamais la guerre. Nous exprimons notre gratitude aux familles des soldats et faisons la promesse que jamais nous n’oublierons le sacrifice incroyable de ces femmes et de ces hommes qui ont servi notre pays. »
« Nous célébrons une victoire pour la liberté parmi de nombreuses autres du XXe siècle, mais unique pour les Canadiens et le Canada. La valeur de cette victoire a forgé le caractère de notre jeune nation », a souligné le maire de Toronto, John Tory.
« Vimy est un des socles de l’amitié entre la France et le Canada, dira Marc Trouyet. La vitalité de cette amitié se retrouve dans l’intensité de nos relations bilatérales. Elle est la source de nombre de nos coopérations toujours plus étroites ». Un peu plus tôt dans la matinée, le consul général de France avait déposé une gerbe devant le Monument aux morts de toutes les guerres, devant l’ancien hôtel de ville. Une cérémonie à l’initiative de l’Union des français de l’étranger et de Français du Monde à laquelle ont participé notamment la Fondation Vimy, des Français vivant au Canada, ainsi que des élèves de la Toronto French School.
Cent ans plus tard, la bataille de Vimy est devenue un symbole pour les Canadiens, comme en témoigne l’ampleur des cérémonies commémoratives célébrées de part et d’autre de l’Atlantique. Au Mémorial national du Canada à Vimy, en France, au côté du président de la République François Hollande et devant 25 000 personnes, le premier ministre canadien Justin Trudeau a rendu hommage à ces « hommes à la fois ordinaires et extraordinaires qui ont combattu pour la première fois comme citoyen d’un seul et même pays, francophones et anglophones, côte à côte. C’est par leur sacrifice que le Canada est devenu un signataire indépendant du Traité de Versailles. Et en ce sens, le Canada est né ici. »
Ce 9 avril 1917 restera à jamais comme le jour qui a vu naître la nation canadienne.

Photo : le consul général de France, Marc Trouyet, a souligné l’intensité des relations entre la France et le Canada.