L’Alliance française invitait ses visiteurs à redécouvrir l’un des bâtiments incontournables, si ce n’est le plus incontournable, du patrimoine français : le château de Versailles. De par sa grandeur et sa majesté, il va de pair avec son créateur ou du moins celui qui insufflera au château sa grande destinée, Louis XIV.
Le conservateur du château de Versailles, Bertrand Rondot, invitait les spectateurs à s’interroger sur les influences stylistiques du château lors de la conférence Versailles : Château français ou palais italien? Le Goût de Louis XIV à l’épreuve d’un chantier exceptionnel. C’est donc lors d’un retour dans le temps qui débutait aux années 1620 que nous entraînait le conservateur.
Ce château, aujourd’hui synonyme de fastes et de grandeur, était à ses débuts un petit château construit par Louis XIII. Il était doté de seulement quatre appartements et servait de pavillon de chasse. Les deux grandes demeures du Roi étaient alors Le Louvre et le Palais des Tuileries à Paris.
L’histoire du malheureux surintendant des finances, Nicolas Fouquet, est connue du public. C’est bien lui en organisant une fête dans son château de Vaux-le-Vicomte, résidence la plus somptueuse de France, qui lancera les débuts de Versailles en rendant fou de jalousie le Roi Soleil âgé de 23 ans – et pour cela, il sera jeté en prison.
Le Roi commence alors son chantier au château de Versailles et fait appel aux mêmes artistes du château de Vaux-le-Vicomte : le paysagiste André Le Nôtre, l’architecte Louis Le Vau et le décorateur Charles Le Brun.
Les débuts des travaux se font sur le château d’origine et suivent alors l’influence d’un château tout à fait français avec une galerie d’entrée à arcades, des plans dorés sur les toitures, des bustes sur les façades et une découpe octogonale du jardin réalisé par André Le Nôtre.
La grotte de Thétys, servant de réservoir pour les fontaines du jardin, sera le premier élément à l’italienne de Versailles avec son toit en terrasse et sa galerie voûtée.
En 1664, 1668 et 1674, trois grandes fêtes sont données à Versailles, des fêtes qui ont cependant lieu dans le jardin, le petit château ne pouvant pas accueillir les 1500 courtisans du Roi.
C’est l’arrivée de l’architecte italien Le Bernin, sur la demande du Roi, qui lancera l’influence italienne présente dans l’architecture du château. Rejeté par les architectes français, Le Bernin inspirera tout de même leur travail alors, qu’après son départ et l’abandon de son projet de façade au Louvre, l’architecture française – qui privilégiait la toiture multiple – se tourne vers la toiture unique en terrasse à l’italienne.
C’est bien ce que proposera Louis Le Vau pour l’enveloppe de Versailles en 1668 avec une toiture en terrasse très plate, cachée par des balustrades.
De 1668 à 1672, le petit château subira des transformations et verra son nombre de pavillons doublé en façade tout en gardant une architecture typiquement française. Versailles a dorénavant un côté ville à la française et un côté jardin à l’italienne.
Après des travaux monstres, Louis XIV a le château dont il avait rêvé. Un bâtiment incomparable de richesses et de beauté qui entraîne le déplacement du gouvernement et de la cour de Paris à Versailles.
Photo: Bertrand Rondot, conservateur du château de Versailles