Du 21 au 24 février derniers avait lieu The Artist Project, un évènement artistique contemporain réunissant des dizaines d’artistes exposants. Parmi eux, plusieurs francophones venus du Québec, mais également de Toronto.
Yasmine Louis adore Toronto. « Dès que je suis arrivée ici, je m’y suis plu. J’ai trouvé les gens charmants et la ville pleine d’énergie », dit-elle. Il faut dire que l’artiste, née en Suisse, avec des origines égyptiennes, et passée par Montréal, est aussi universelle et multiculturelle que la Ville reine.
Yasmine Louis aime cette ville de laquelle elle sait tirer la quintessence poétique qui se cache sous la laideur. Toronto est triste, en hiver, mais Yasmine Louis fait ressortir de cette tristesse une ode mélancolique d’une subtilité tranquille et d’une beauté profonde.
La spécialité de Yasmine Louis, ce sont les impressions. Sur tissus d’abord, mais pour cette exposition, sur bois. L’artiste se promène en ville. Surtout à Trinity-Bellwoods, même si elle est sortie de son quartier de prédilection pour cette exposition, dont le thème est l’hiver.
L’hiver à Toronto, se sont ces amas de neige durcie sombres et sales, qui bordent les rues vides où de lentes silhouettes anonymes n’osent pas presser le pas, de peur de tomber. Et Yasmine Louis le rend parfaitement, avec élégance et acuité.
Dans ses pérégrinations, l’artiste prend des photos avec un petit appareil compact sans prétentions, puis, elle les imprime en noir et blanc, en les accompagnant de quelques mots.
Vraies perles qui indiquent son état d’esprit au moment du cliché et qui ajoutent une complexité au tout. Personnelles et universelle à la fois, ces petites pensées, alliées à la familiarité irréelle des paysages donnent un bel effet nostalgique.
« J’écris plutôt en anglais, même si j’écris beaucoup en français aussi. Pour cette exposition, j’ai plutôt vendu des œuvres en français. Et à des anglophones! Je vais continuer en français du coup », annonce Yasmine Louis.
Un peu plus loin, Éric Farache est un jeune artiste dont les parents ont émigré du Maroc. Lui est né au Canada : « Je suis la deuxième génération ». À ces côtés, sa compagne tient dans ses bras un nourrisson. Lui, aime jouer sur les stéréotypes des genres, « en particulier sur les images de GI Joe et de pin-up des magazines ». Il en sort un travail artistique plein d’humour et de bons mots. Notamment ces portraits hilarants de bonshommes virils, accompagnés d’inscriptions décalées. Un artiste torontois à suivre…
De nombreux autres artistes venaient du Québec. À l’image d’Éric Tardif, de Gatineau. Biologiste de formation, il a travaillé un temps au cap Tourmente, sur le Saint-Laurent, à observer les oies sauvages, avant d’être poussé par un besoin inextinguible de créer. Mais la fascination pour les grands oiseaux blancs est restée. Elle s’exprime par la sculpture sur bois et les tableaux en trois dimensions. Des oies déploient leurs ailes sur la ligne d’horizon du fleuve, un nid abrite un œuf. C’est léger, dynamique, beau et majestueux. Un style qui reste à élaborer et personnaliser un peu, pour un artiste qui sera bientôt visible au musée du parc Algonquin. Au cœur de la nature, au plus près des oies sauvages.
Photo : Yasmine Louis