Les Salopes or the naturally wanton pleasure of skin est le dernier long métrage de la cinéaste québécoise Renée Beaulieu. Un portrait intime sur les désirs secrets d’une professeure d’université, Marie-Claire, qui apprécie le sexe selon ses propres termes.

Par le biais de ce film, la cinéaste voulait mettre de l’avant la femme qui, pour elle, est sous-représentée au cinéma. « Quand elles sont représentées, elles ne le sont pas souvent dans des premiers rôles », glisse-t-elle.

Elle désirait également parler de la sexualité de la femme, une sexualité assumée, complexe et adulte, ni déviante, ni victime et elle s’en explique : « Je voulais me positionner : femme, sexualité et plaisir. Je voulais dire que les femmes ont des désirs sexuels, ont du plaisir sexuel, ont des relations sexuelles et sont capables de les assumer et d’être maîtres de leur vie sexuelle ».

Un point de vue positif, donc, sur la sexualité féminine qui est parfois très critiquée et vue de façon négative dans les médias ou au cinéma où la femme est vue comme « objet sexuel pour le plaisir des hommes », selon la réalisatrice.

C’est en 2011 que l’aventure Les Salopes commence. Elle écrit alors une première version du scénario qu’elle laisse de côté pendant plusieurs années pour réaliser un autre film, Le Garagiste, sorti en 2015.

« Le Garagiste a pris les devant pour des raisons de financement », indique-t-elle. Le projet lui tenant toujours à cœur, elle se remet au travail en 2016 et réécrit une nouvelle version du scénario. Elle part ensuite à la recherche de la comédienne principale de son film. Elle tombe sur Brigitte Poupart, comédienne et metteure en scène québécoise, qu’elle choisit pour interpréter Marie-Claire.

« Elle avait cette beauté, qui n’est pas une beauté de sex-symbol, plutôt rincée, classique. Quelqu’un m’a dit qu’elle était aussi très confortable avec son corps et quand je l’ai contactée, ça a tout de suite cliqué entre nous », souligne la cinéaste.

Puis est venu le temps du tournage. « Ce que j’ai construit, c’était sur certaines inhibitions. Quand je suis passée de la scénarisation au tournage, ce n’était donc pas aussi évident que ça. »

Et l’aventure ne s’arrête pas là : Renée Beaulieu a également monté le film et l’a produit. « Au départ, la production, c’était une question de moyens parce que les subventions étaient difficiles à avoir. »

On le voit bien, Renée Beaulieu est une femme passionnée et très impliquée dans ce qu’elle fait : « C’est exigeant de faire des films. Il faut beaucoup de détermination et de volonté. C’est tripant. Ça me plaît. »

Les Salopes, c’est un peu comme son bébé qu’elle aura accompagné du début à la fin et son travail s’est avéré payant : elle est aujourd’hui sélectionnée comme seule femme québécoise dans la catégorie longs métrages canadiens au Festival internationale du film de Toronto et elle en est très fière. « Je sens la pertinence de ma démarche, de parler des femmes, d’être une femme et de faire du cinéma et d’y aller malgré les difficultés et de prendre cette place avec une certaine arrogance et détermination. »

Le film sera projeté au cours du festival qui aura lieu du 6 au 16 septembre prochain.

 

PHOTO: Ian Oiveri (producteur associé) et Renée Beaulieu, réalisatrice du film Les Salopes