En novembre 2016, La Passerelle-I.D.É. organisait un premier forum sur le capital humain francophone. Un peu plus d’un an plus tard, le 15 février dernier, l’organisme dédié à promouvoir l’employabilité des immigrants de langue française conviait à nouveau une vaste gamme de spécialistes et de professionnels des secteurs public et privé touchés par cette question. L’objectif? Dresser un portrait du marché de l’emploi et tâcher de comprendre comment maximiser la mise en valeur des compétences disponibles chez les francophones.
Léonie Tchatat, fondatrice et présidente de La Passerelle-I.D.É., a souhaité la bienvenue aux participants et résumé en quelques mots l’adéquation des francophones aux besoins du marché de l’emploi canadien. Catherine Chandler-Crichlow, présidente de 3C Workforce Solutions, a rappelé qu’elle a récemment contribué avec Mme Tchatat à l’élaboration d’une stratégie en immigration pour l’Ontario et souligné la présence de diverses personnalités dans l’assistance. Mmes Chandler-Crichlow et Tchatat sont coprésidentes du Conseil de développement des talents bilingues francophones.
Marie-Lison Fougère, sous-ministre au ministère des Affaires francophones de l’Ontario, s’est adressée aux participants pour rappeler les réalités socioéconomiques entourant la question de l’employabilité des immigrants francophones. La manière dont on doit connecter la demande en main-d’oeuvre aux compétences disponibles constitue le problème central sur lequel doivent se pencher les intervenants du milieu et Mme Fougère a cité La Passerelle-I.D.É. comme une initiative pionnière en la matière.
L’attention que l’organisme porte aux données dans une perspective intersectorielle lui permet de saisir les besoins des uns et des autres et d’offrir des approches qui leur sont adaptées. « La Passerelle-I.D.É. a reconnu que ce n’est pas facile, qu’il n’y a pas de solution magique pour arrimer l’offre à la demande », a commenté Mme Fougère, faisant remarquer la diversité des marchés et des facteurs qui font en sorte qu’une formule unique serait inappropriée.
Alexander Bezzina, sous-ministre au ministère des Affaires civiques et de l’Immigration de l’Ontario, lui a succédé au micro. Évoquant les initiatives ayant déjà été prises par le gouvernement et ses partenaires en matière d’immigration et de valorisation du capital humain, M. Bezzina a souhaité que se poursuive cette fructueuse collaboration : « Je suis certain que notre dialogue permanent renforcera davantage l’immigration francophone sur le marché du travail. »
L’invitée d’honneur de cette journée était Dyane Adam. À sa longue carrière dans les milieux académique et gouvernemental s’ajoute aujourd’hui le privilège de faire l’histoire en étant à l’avant-poste de la mise sur pied d’une université franco-ontarienne. C’est à ce titre que La Passerelle-I.D.É. a fait appel à Mme Adam pour donner un aperçu de la place qu’occupera cette institution au plan économique.
L’objectif est que l’Université de l’Ontario français ouvre ses portes en 2020. Ce sera un établissement qui s’insérera bien sur le marché multilingue caractérisant le Grand Toronto et qui sera en phase avec le réseau des institutions et organismes francophones internationaux. L’accent y sera mis sur la souplesse des programmes dans une perspective transdisciplinaire avec une grande attention portée aux possibilités offertes par les technologies numériques. « L’université agira comme un incubateur de créativité et d’entrepreneuriat », a affirmé Mme Adam qui a également souligné que l’établissement contribuera à la renommée internationale de la Ville reine.
Rick Guzzo, de chez Mercer, une firme de consultants internationale, est revenu sur certaines données présentées au premier forum qu’il a bonifiées d’une mise à jour. Ainsi, au 31 janvier 2018, le secteur économique où les francophones étaient les plus en demande en Ontario était les finances et les assurances, suivi de la santé et des services sociaux, des sciences et des services techniques, de la catégorie « autres services », de la vente en gros, etc. À Toronto, ce classement demeure plus ou moins le même, le secteur manufacturier et les diverses occupations administratives se hissant cependant dans les cinq premières places.
Le forum focalisait son attention sur trois secteurs qui connaissent une forte demande de talents bilingues francophones. Les télécommunications étaient au 8e rang, tant pour Toronto que l’Ontario en général, en termes de nombre de postes affichés au 31 janvier. À ce chapitre, les transports étaient au 9e (Toronto) et 11e rangs (Ontario) tandis que l’hôtellerie et le tourisme figuraient dans les deux cas au 13e rang.
Catherine Chandler-Crichlow a ensuite repris la parole pour confier que des pistes intéressantes ont été dégagées afin de mettre en contact employeurs et chercheurs d’emploi et pour répondre à quelques questions assez techniques du public.
Puis, un panel d’employeurs réunissant Chantal Dugas, chef de service général (Affaires linguistiques et Diversité) chez Air Canada, Mandie Abrams, directrice générale à l’Hospitality Workers Training Centre, et Geoffrey King, fondateur de BridgeDXi Americas, fut animé par Marie-Lison Fougère. Les sujets discutés portaient sur les stratégies visant à accroître l’inclusion des immigrants francophones dans la main-d’œuvre : comment mieux informer les chercheurs d’emploi sur les offres, comment former les nouveaux employés en milieu de travail, comment composer avec les compétences numériques, etc.
Au cours des tables rondes de discussion, les participants se sont s’exprimés sur les stratégies destinées à développer la main-d’oeuvre francophone, à la suite de quoi Marie-France Lalonde, ministre des Affaires francophones, a prononcé une brève allocution en guise de conclusion au forum.
PHOTO: Une participation nombreuse a assuré le succès du forum.