L’ensemble des Ontariens associent Tim Hudak aux fonctions de ministre qui lui ont été confiées sous Mike Harris et Ernie Eves ou encore à son passage à la tête du Parti progressiste-conservateur. Mais pour bon nombre de résidents de la région du Niagara, ce natif de Fort Erie est d’abord et avant tout leur député. Le 9 août dernier, M. Hudak a rendu publique son intention de quitter la politique et entend démissionner de son poste de député le 16 septembre prochain afin d’accéder à la présidence de l’Association de l’immobilier de l’Ontario.
Le 8 juin 1995, il était élu pour la première fois à l’âge de 27 ans dans la circonscription de Niagara Sud. Au cours de son premier mandat, cet économiste de formation fut l’adjoint parlementaire du ministre de la Santé. Après cette inévitable période d’apprentissage de la mécanique législative et des us et coutumes de la vie politique, le premier ministre Harris le promut successivement, au cours de son deuxième mandat, ministre du Développement du Nord et des Mines, ministre de la Culture, du Tourisme et des Loisirs et ministre des Services aux consommateurs et aux entreprises.
Les progressistes-conservateurs perdirent le pouvoir aux élections générales de 2003 mais Tim Hudak parvint à garder son siège d’Erie-Lincoln, une circonscription née du remaniement de la carte électorale quelques années plus tôt. Si son parti entamait alors une longue traversée du désert, Hudak conserva dans les rangs de sa formation une place importante en étant porte-parole de l’Opposition en matière d’infrastructure publique, d’affaires municipales, de finances, de recherche et d’innovation. Ses électeurs lui confièrent un quatrième mandat en 2007 et son chef, John Tory, lui renouvela sa confiance en continuant à lui attribuer le rôle de porte-parole pour divers dossiers.
Face à une contestation croissante de son leadership, Tory quitta la chefferie du Parti progressiste-conservateur en mars 2009. Hudak, à présent député de Niagara-
Ouest–Glanbrook, entra dans la course à sa succession et, lors de la convention tenue à Markham le 27 juin 2009, se fit élire chef au troisième tour de scrutin.
Ses cinq années passées à la tête des progressistes-conservateurs furent émaillées de deux élections générales. Peu charismatique, attaché à des idées soulevant une forte opposition de nombreux groupes de pression, considéré par une large fraction de l’électorat comme appartenant à la frange la plus à droite de son parti, Hudak ne parvint pas à rassembler assez de soutien pour porter sa formation à la victoire. Après que les libéraux eurent perdu leur majorité en 2011, les progressistes-conservateurs crurent la victoire à portée de la main mais cet espoir ne se concrétisa pas. Pendant toute la campagne électorale de 2014, le parti dût traîner comme un boulet une proposition de supprimer 100 000 postes dans la fonction publique. Les libéraux remportèrent l’élection avec une majorité alors que les progressistes-conservateurs perdirent neuf sièges. Cette débâcle poussa Tim Hudak à quitter la direction de son parti et à s’effacer tant soit peu de la vie parlementaire.
Après 21 ans passés en politique, le député de Niagara-
Ouest–Glanbrook juge à présent qu’il est temps de passer à autre chose. À 48 ans, un passage dans le secteur privé constitue le débouché le plus intéressant pour poursuivre une carrière qui a encore bien des années devant elle. Dans les six mois suivant sa démission, la première ministre Kathleen Wynne sera tenue par la loi de déclencher des élections partielles dans son
comté.