« Ce soir, c’est vraiment intime. C’est un peu énervant (stressant) de jouer devant une petite salle », confie Stéphanie Martin, quelques minutes avant de monter sur la scène du 120 Diner, près des rues Queen Est et Church.
Originaire de Montréal, la chanteuse a grandi dans un quartier anglophone. « J’ai vraiment grandi dans les deux langues. Chez moi, on parlait en franglais. J’ai été baignée dans les deux cultures de musique, la grande chanson française et dans la musique québécoise francophone et puis dans la musique américaine », souligne l’artiste.
Elle est rapidement devenue bilingue, ce qui fut un avantage certain pour sa carrière. Très vite, elle découvre que sa voix est exceptionnelle. Elle suit alors des cours de chant pour se perfectionner. Puis, elle commence à jouer dans des clubs dans l’ouest de l’île qui est plutôt anglophone.
« Je faisais de la musique populaire dans les clubs. Je me suis retrouvée à être plus confortable dans le pop et dans le jazz », ajoute-t-elle.
En parallèle, elle continue les cours et apprend à chanter le répertoire des comédies musicales. « À ce moment-là, il y avait un gros show qui se produisait à Montréal. C’était Les Misérables. J’ai passé l’audition (…) sans savoir vraiment ce que c’était qu’une comédie musicale », raconte l’artiste.
Elle décroche le rôle phare d’Éponine, cette jeune femme brisée qui est éprise de Marius qui, lui, en aime une autre. « C’était un rôle qui m’allait très bien physiquement et vocalement », confirme-t-elle. Après son passage sur la scène montréalaise, elle part à Paris pour continuer l’aventure Les Misérables, puis à Londres dans le West End. Trois ans de folie qui l’ont marquée : « c’était une très belle école, comment être professionnelle », glisse l’artiste.
En revenant à Montréal, elle joue dans d’autres comédies musicales, mais en fin de compte, elle souhaite faire autre chose : « J’avais en moi quelque chose en plus que je voulais découvrir : l’écriture ».
En arrivant à Toronto, elle s’y consacre : « J’ai refusé le travail d’interprète et j’ai misé sur le développement de chansons ». Elle écrit ainsi en anglais ses propres chansons qui donneront lieu à deux albums solo. Grâce à son bilinguisme, l’auteure-compositrice et interprète se produit sur les scènes du monde entier. Elle sera notamment le 14 juillet à Lake Charles en Louisiane pour interpréter les succès des James Bond avec un orchestre symphonique.
Le 14 juin, c’est sur la scène du 120 Diner qu’elle se produisait en compagnie d’Eric Saint-Laurent, guitariste québécois de renom, Michel DeQuevedo aux percussions et d’Anh Phung à la flûte.
« Ce spectacle, c’est comme un sorbet pour moi, constate-t-elle. Enregistrer et faire des disques, c’est gros. On a besoin de se ressourcer. C’est ce que je fais en chantant au 120 Diner. Je me ressource et redécouvre les chansons en français que j’ai bien aimées dans ma jeunesse. »
De plus, se produire en français à Toronto est important pour l’artiste : « Les gens n’ont pas beaucoup l’occasion d’aller à des concerts en français. Je voulais juste participer à ma façon. Il faut encourager les musiciens et artistes francophones et aller les voir », conclut Stéphanie Martin.
Ce concert était placé sous le signe de l’été avec des chansons françaises et des chansons latines (brésiliennes). À cette occasion, elle a même écrit les paroles en français de Agua de beber de Antonio Carlos Jobin. La chanteuse à la voix puissante et chaude a interprété des succès tels que Les Parapluies de Cherbourg, Les Champs Elysées, La Mer et La Fille d’Ipanema. Les anglophones et francophones qui avaient fait le déplacement pour voir le quatuor étaient aux anges.
PHOTO: Michel DeQuevedo aux percussions, Eric Saint-Laurent à la guitare, l’auteur/compositeur et chanteuse Stéphanie Martin et Anh Phung à la flute.