L’annonce de Stellantis de transférer la production de Jeep Compass de Brampton vers l’Illinois soulève des inquiétudes pour l’emploi et l’avenir du secteur automobile en Ontario. Si le constructeur réaffirme son engagement envers le Canada, cette décision pourrait entraîner des ajustements économiques à l’échelle provinciale et nationale.
Olaïsha Francis – IJL
L’annonce de Stellantis de concentrer la production de Jeep Compass aux États-Unis suscite des réactions en Ontario et dans l’industrie automobile canadienne. Le constructeur a confirmé un plan d’investissement de 13 milliards $ US destiné à renforcer ses capacités de production américaines. Cette initiative comprend le transfert de la production de Jeep Compass de Brampton vers une usine de l’Illinois.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de pressions tarifaires américaines sur les véhicules et pièces importés, provenant notamment du Canada et du Mexique. Ces mesures incitent certaines entreprises à revoir la répartition géographique de leurs activités de production.
L’usine de Brampton, qui devait faire l’objet de travaux de modernisation, pourrait voir son volume de production diminuer. Les représentants syndicaux et provinciaux ont exprimé leurs préoccupations quant aux répercussions possibles sur l’emploi et sur la filière automobile ontarienne.
Le déménagement du Compass pourrait accélérer le besoin de redéfinir le rôle de l’usine ou de la rediriger vers d’autres modèles, mais avec des risques importants pour l’emploi local. Le premier ministre Doug Ford a qualifié la décision de « douloureuse pour les travailleurs », tandis que le gouvernement fédéral a indiqué qu’il évaluait les implications de cette annonce dans le cadre des engagements conclus avec l’entreprise, notamment les aides publiques reçues pour soutenir l’industrie canadienne.
Selon le conseiller municipal Pat Fortini, « à l’usine de Brampton, environ 3000 emplois à temps plein sont directement affectés, mais si l’on considère les emplois dérivés liés à l’entreprise, ce sont en réalité plus de 10 000 personnes qui sont touchées ».
Stellantis a tenu à préciser que le Canada demeure un marché clé pour ses activités. L’entreprise prévoit notamment l’ajout d’un troisième quart de travail à son usine d’assemblage de Windsor, ce qui représenterait environ 1500 nouveaux emplois.
« Nous sommes présents au Canada depuis plus de 100 ans et nous investissons dans ce pays. Nous ajoutons une troisième équipe à l’usine d’assemblage de Windsor afin de répondre à la demande croissante pour toutes les versions de la Chrysler Pacifica et les nouveaux modèles Dodge Charger Scat Pack et R/T équipés du moteur SIXPACK. Le Canada est très important pour nous, et nous avons des projets pour Brampton que nous partagerons après discussions avec le gouvernement », a déclaré LouAnn Gosselin, directrice des communications chez Stellantis Canada.
À l’échelle nationale, plusieurs observateurs estiment que cette relocalisation pourrait entraîner des ajustements dans la chaîne d’approvisionnement automobile canadienne. Les entreprises de pièces détachées et les fournisseurs locaux pourraient être indirectement touchés, selon les volumes de production qui seront maintenus au pays.
De son côté, le gouvernement canadien a réaffirmé son intention de collaborer avec Stellantis afin d’assurer la stabilité du secteur et la protection des emplois.
L’annonce représente un tournant pour l’industrie automobile ontarienne, déjà en transition vers l’électrification et la modernisation de ses usines. Les prochains mois permettront de mesurer l’ampleur des effets économiques et de déterminer dans quelle mesure les engagements pris de part et d’autre permettront de préserver la compétitivité et la vitalité du secteur au Canada.
Photo : L’usine d’assemblage de Brampton (Crédit : Denis Poirier)