Jimmy Jean, vice-président et économiste en chef et stratège au Mouvement des caisses Desjardins, était l’invité du Club canadien de Toronto le mercredi 16 février. L’organisme souhaitait que ses membres et l’ensemble de la communauté bénéficient de l’expertise de M. Jean pour avoir une meilleure idée de ce à quoi il faut s’attendre, en 2022, sur les plans économiques et financiers.
C’est en évoquant les multiples incertitudes entourant la Russie que Jimmy Jean a entamé sa conférence. Il est vrai que peu de choses peuvent miner autant l’économie que des variables aussi spectaculaires qu’un risque de guerre, d’écrasantes sanctions, une possibilité de cyberattaque, la perturbation de l’approvisionnement en énergie, etc.
Cependant, c’est un mal plus insidieux qui est revenu le plus souvent dans les propos de l’économiste : « Tous les astres sont alignés en faveur d’une inflation plus persistante qui pourrait défier les prévisions à court terme », a affirmé M. Jean.
Divers facteurs entrent en ligne de compte pour expliquer cette situation dont les problèmes d’offre sont les plus importants. La pression exercée sur les chaînes d’approvisionnement constitue un autre défi majeur : même si cette difficulté se résorberait, cela prendrait du temps avant que les consommateurs bénéficient d’un répit.
Cela dit, dans les circonstances actuelles, le scénario de base demeure une croissance du PIB de 3,8 % pour cette année, causé par une reprise des activités économiques liée à la fin de la pandémie. Une remontée marquée des taux d’intérêt sur les emprunts est également à surveiller.
Jimmy Jean n’était pas seul pour faire face au public puisque Nicolas-Guillaume Martineau, professeur d’économie au Collège universitaire Glendon, était également présent pour conduire avec lui une entrevue.
Considérant les multiples tensions contradictoires de la dynamique économique actuelle, M. Martineau a demandé à M. Jean si, selon lui, un scénario de stagflation n’est pas plutôt à prévoir pour les prochains mois, c’est-à-dire une stagnation de la croissance couplée à une inflation. Son interlocuteur a acquiescé avec beaucoup de nuances, préférant parler de « croissance volatile sur fond d’inflation ».
Le gouvernement a épuisé toutes ses options au cours des deux dernières années, vidant les caisses de l’État pour disséminer à tous vents l’aide gouvernementale. La politique budgétaire constitue un autre sujet d’inquiétude pour Jimmy Jean : « Est-ce qu’on a vraiment un plan de match pour la prochaine récession? J’ai l’impression que la réponse actuelle, c’est non ».
Pour le moment, l’idée est encore solidement ancrée chez bien des gens selon laquelle tout ce qui se passe est transitoire, mais un doute est en train de s’installer puisqu’un problème n’attend pas l’autre.
Est-il possible que l’on assiste à un retour de mesures protectionnistes, a demandé M. Martineau? Oui, a répondu M. Jean, ce qui amène la question de comment rendre les chaînes d’approvisionnement plus résilientes.
Bien d’autres sujets ont été abordés au cours de ces 75 minutes d’information condensée. Une chose est sûre : 2022 ne sera pas un long fleuve tranquille.
PHOTO – Jimmy Jean