Depuis quelque temps déjà, les amateurs de comic books peuvent venir admirer le travail de Gordon Smith au quatrième étage du TIFF Bell Lightbox. À l’occasion des 30 ans de carrière de ce génie des effets spéciaux pour costumes, l’exposition « X-Men Master: Gordon Smith » montre toute l’étendue du talent du natif de l’Ontario.

Sans le savoir-faire et l’innovation de Smith, Bryan Singer n’aurait sans doute jamais pu réaliser X-Men et X2 de la manière dont il le souhaitait, avec les mêmes visuels qu’il avait en tête. Ayant aiguisé leurs armes sur les plateaux de Platoon, Deadringer ou encore Natural Born Killer, Gordon Smith et son équipe ont perfectionné l’usage de prothèses en silicone pour les costumes et maquillages des acteurs, une avancée qui a révolutionné le monde des effets spéciaux.

« Certains des moments dont je suis le plus fier dans ma carrière sont survenus sur le plateau de X-Men, déclare M. Smith. C’est vraiment là que nous avons pu montrer le côté révolutionnaire des prothèses en silicone. Que ce soit pour créer des blessures réalistes, des créatures mythiques ou des héros d’action, les effets spéciaux dans le maquillage sont vitaux pour l’art de l’illusion et pour que le public ait une expérience de qualité. »

Plusieurs costumes sont exposés, prouesses techniques assez incroyable quand on voit le résultat à l’écran. Un résultat qui ne vient cependant pas tout seul : au début du tournage, pour le personnage de Mystique, la mutante métamorphe bleue, l’actrice Rebecca Romijn devait, par exemple, rester assise 12 heures durant, laissant Gordon Smith et son équipe travailler sur son corps. Un supplice réduit à six heures à la fin du tournage. Ces prothèses en silicone possèdent l’énorme avantage d’être réutilisables, à l’inverse d’un maquillage classique.

« Depuis le début des techniques prothétiques, les experts en effets spéciaux ont toujours cherché un matériel translucide qui soit fiable, sûre et facile à employer, explique Gordon Smith. Avec le silicone, on est arrivé à un degré de mouvement et de souplesse tel qu’on peut maintenant répliquer les nombreuses et uniques qualités de la peau humaine. » Des couches de silicone parfois tellement fines qu’elles permettent de voir les pores des acteurs, comme pour le personnage de Nightcrawler. Le public peut d’ailleurs admirer les prothèses conçues pour les mains à trois doigts, les pieds aux deux orteils et la queue du célèbre mutant. Un peu plus loin, ce sont les griffes de Wolverine, les dents de Sabretooth ou le costume de Lady Deathstrike qui s’offrent aux yeux des spectateurs.

L’exposition permet également d’admirer le côté technique à proprement parler : les outils, seringues, couteaux et liquides utilisés par Gordon Smith sont exposés, à côté d’encarts et de vidéos plus pointues expliquant le processus de création en lui-même.

« X-Men: Gordon Smith » propose donc jusqu’à la fin du mois un panorama salutaire sur l’immense contribution d’un visionnaire d’Hollywood.

Photo : Gordon Smith et son équipe ont perfectionné l’usage de prothèses en silicone pour les costumes et maquillages des acteurs.