Quand on a le virus artistique qui coule dans les veines, le confinement peut s’avérer un avantage et pas des moindres. L’un des créateurs qui illustre bien ces propos répond au nom de Joffrey Saintrapt.

Ce jeune réalisateur francophone installé à Toronto peut se targuer du fait qu’en ce moment, à l’heure où l’industrie de la télévision et du cinéma est en berne, lui est en tournage tous les jours! Et pour cause, du confinement, il en a fait de la matière première brute et abondante.

L’idée est simple mais ô combien efficiente sur le plan artistique et même au-delà. Concrètement, il s’agit de recevoir quotidiennement et en vrac des vidéos amateurs d’une minute ou deux en provenance des quatre coins de la planète. Ces capsules sont filmées par des personnes lambda montrant des bouts de leur vie en confinement. Lorsque l’on sait qu’en ce moment plus de trois milliards de personnes sont confinées sur la planète, il y a de quoi faire!

Par ailleurs, comme toute idée simple et efficace, celle-ci est née d’un constat, comme l’explique le réalisateur : « J’ai commencé avec une personne qui m’a envoyé une première vidéo le 17 mars dernier. En fait, c’est un ami d’enfance qui vit en France et avec qui j’ai fait les 400 coups. Vu que je le connais très bien, je savais qu’il allait avoir beaucoup de mal à supporter le confinement dans la mesure où il passait la majorité de son temps dans les grands espaces.

« Par conséquent, dès que le confinement dans l’Hexagone a été décrété, je me suis inquiété pour lui. Alors, je lui ai demandé de m’envoyer chaque jour une petite vidéo, histoire que je suis un peu son état mental et ses états d’âme. Rapidement, j’ai trouvé que les images et surtout les situations et les réflexions dans ces circonstances particulières étaient très intéressantes d’un point de vue expérience sociale et même sous l’angle artistique.

« À partir de là, j’ai décidé d’élargir cette initiative et en faire un projet à part entière, et je peux vous dire que je suis surpris chaque jour par les gens, c’est incroyable comment ils peuvent être créatifs et drôles en plein crise ».

En d’autres termes, ce projet a pour ambition de suivre le même trajet emprunté par le coronavirus, à savoir, en partant d’une personne, il espère devenir pandémique! Une pandémie créative en somme. De ce pas, et à en croire l’initiateur du projet, les vidéos commencent à affluer du Canada, d’Europe mais aussi de l’Afrique du Sud et du Japon, entre autres.

Cependant, la question qui s’impose est quel est le but derrière tout cela? Eh bien, même si Joffrey ne l’avoue qu’à demi-mot, tout porte à croire que la finalité d’un tel projet est d’extraire l’essence de ces vidéos afin, qu’une fois la crise derrière nous, un documentaire réaliste verrait le jour.

Ce format convient parfaitement à cette expérience sociale inédite, à l’échelle planétaire qui plus est, et qui, à ne pas en douter, intéresserait la communauté scientifique au plus haut point, qu’elle œuvre dans le domaine médical, sociologique ou psychologique.

De plus, et ce n’est un secret pour personne, c’est bien en situation de crise que la nature humaine se révèle telle quelle, brute et sans artifices. Quelques témoignages qui vont dans ce sens sont d’ores et déjà « dans la boîte », à l’image de toutes ces vidéos filmées à l’extérieur alors que la consigne était de se faire filmer en confinement, comme pour dire qu’on tient toujours à notre liberté!

Un autre exemple très parlant est celui de ce jeune homme sur le point de devenir papa et qui, à travers les vidéos qu’il envoie, veut laisser des messages et un témoignage de cette période étrange à sa fille, et ce à titre prénatal.

Toutefois, si la matière première risque d’être foisonnante, on n’en est pas encore là, puisque le virus est toujours là et qu’un travail de postproduction énorme attend le réalisateur. Enfin, si, comme nous, l’envie vous prend de jouer au cinéaste, voici l’adresse où vous pouvez envoyer vos vidéos : coromanusprojet@gmail.com.

Bon tournage à tous!

PHOTO: Le réalisateur torontois Joffrey Saintrapt en tournage.

SOURCE: Soufiane Chakkouche