Fanatique de géométrie artistique et de projections subjectives du monde, Dominik Sokolowski est un artiste fascinant. Ses travaux dédiés à l’élaboration d’une « nouvelle architecture picturale » ont très bonne réputation dans le milieu de l’art canadien, comme en atteste ses nombreuses expositions à Ottawa et Montréal. Aujourd’hui, la Ville reine a droit à la sienne, intitulée The Last Drop, à la galerie Thompson Landry située dans le quartier de La Distillerie.

Né dans la ville de Poznan en Pologne, Dominik Sokolowski émigre au Canada à l’âge de 13 ans et devient, plusieurs années plus tard, diplômé en arts et design de l’École multidisciplinaire de l’image de l’université du Québec en Outaouais. Ce peintre abstrait a frappé aux portes des différents lieux de l’art quatre années durant, avant que le galeriste québécois Jean-Claude Bergeron ne le prenne sous son aile. Il devient par la suite un artiste accompli et montre ses œuvres au public nord-américain, français et allemand. Une reconnaissance croissante qui l’a amené à être choisi pour représenter le Canada à l’Exposition universelle de Shanghai en 2010.

Du 10 au 27 avril, Dominik Sokolowski s’éloigne de ses standards habituels pour s’attarder sur le thème du besoin d’eau claire à travers le monde. Une problématique majeure qui le pousse à vouloir influencer l’opinion par le biais de son art. 

Même si l’on reconnaîtrait entre mille le style de l’artiste, notamment à l’usage d’angles et de formes géométriques, la différence avec ses précédentes tâches tient dans le grand nombre de textures utilisées, qui feraient presque penser à de la sculpture. La signification de ses tableaux est moins évidente qu’auparavant, plus ouverte à l’interprétation et au sens caché. Une collection en trois dimensions, où couleurs vives et profondeur se mêlent à un message universel. L’eau, l’art et l’homme : une combinaison gagnante.

Marié depuis le mois d’octobre, Dominik Sokolowski avoue que la vie de famille a changé sa vision des choses. « Avec la famille, j’ai pris conscience de l’environnement. Au Canada, on a beaucoup d’eau, mais on la gaspille, dit-il amèrement. Saviez-vous qu’il faut 1799 gallons d’eau pour faire une livre de viande? Il faut manger plus local et faire attention. » Il s’agit de son premier passage à la galerie Thompson Landry, une parfaite occasion pour marquer les changements de sa pratique artistique. « Il faut montrer aux gens que j’évolue. Derrière le classique Sokolowski, il y a toujours une innovation », affirme-t-il.

La pièce maîtresse de cet évènement est, selon lui, L’orignal. Il s’agit de la tête du majestueux animal, transformée par ses soins. « C’est le roi de la forêt, et il perd son royaume. J’ai eu l’idée de le crucifier, non pas pour créer un lien avec la religion, mais pour le symbole. » Il confirme que le thème général n’a rien d’un message pessimiste : « Je cherche juste à mettre une petite goutte dans l’univers. Faisons attention, conclut-il »

Le vernissage de l’exposition The Last Drop de Dominik Sokolowski a eu lieu le 10 avril en présence de l’artiste. Elle sera ouverte au public jusqu’au 27 avril au 32 Distillery Lane.

Photo : Dominik Sokolowski face à son oeuvre, Le Déluge.