La Société d’histoire de Toronto a organisé sa conférence de mai sur le thème des îles de la Madeleine.
Ce sont des cailloux sortis de l’océan, battus par le vent et les embruns. Le vent, surtout, qui sèche le linge blanc sur les fils en quelques minutes. Ce sont des cailloux, qu’habitent les Madelinots, attachés à leurs îles, et qui en emportent toujours une partie avec eux, même lorsqu’ils partent vivre sur la « grande terre ». Ils partent souvent au Québec, notamment à Montréal, dans le quartier de Verdun où, paraît-il, on trouve plus de Madelinots que sur les Îles de la Madeleine où ils ne sont que 13 000. Parfois même, ils poussent jusqu’au Canada anglais, en Alberta et en Ontario, plus particulièrement à Toronto. C’est le cas de Pascal Arseneau, qui travaille pour le GroupeMédia TFO à titre de directeur principal, Marketing.
Pascal Arseneau, son nom le trahit, est un fils des Madeleine. Né d’une famille de 10 enfants (dont un seul vit toujours sur l’archipel), il parle de ses îles avec feu, les yeux brillants. Ce soir-là, aussi loin qu’à l’Alliance Française de North York, la pluie n’a pas empêché une bonne trentaine de personnes de participer à la dernière conférence de la saison de la Société d’histoire de Toronto. En effet, les conférences reprendront à l’automne et au cours des prochains mois, elles seront remplacées par des promenades historiques en plein air.
Les Îles de la Madeleine ont une place à part dans l’imagerie québécoise. D’abord, parce qu’elles sont loin. Les terres les plus proches sont l’île du Cap-Breton, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve. Ensuite et surtout parce qu’elles sont culturellement et linguistiquement distinctes du reste de la province, la culture et la population y sont acadiennes. Le drapeau acadien y flotte plus que le drapeau québécois.
Les premiers habitants permanents de l’île furent des Acadiens, auxquels se sont ajoutées de nouvelles migrations acadiennes, après le « grand dérangement », la déportation du peuple acadien aux quatre coins de l’empire britannique en 1755. Il existe également aux îles, une minorité anglophone, qui possède son école élémentaire et secondaire.
La langue des îles est distincte du québécois continental ou même de l’acadien. Rien que sur l’archipel, il existe six accents différents! Une richesse linguistique qu’on retrouve dans les assiettes.
« Ce qui m’a manqué en déménageant à Toronto, c’est la bouffe », admet M. Arseneau. Outre les poissons et les fruits de mer, les îles produisent depuis peu des légumes et des fruits bio. Un fromage, le Pied-de-vent, a atteint une petite renommée. Une petite renommée méritée, comme ont pu s’en rendre compte les participants à la conférence, puisqu’un petit apéro avec du fromage des îles a été servi, gracieuseté du Bureau du Québec à Toronto!
Photo : Pascal Arseneau