Le 1er décembre est depuis 1988 la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Si c’est l’occasion de recueillir devant la mémoire des malades morts depuis le début de la pandémie, c’est aussi l’occasion de faire le point sur l’état de la maladie dans le monde.
Les Nations Unies ont remis, le mardi 18 novembre à Los Angeles, leur rapport intitulé Accélérer: mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030. Un rapport qui fait du bruit, alors que le 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le VIH, se profile. Ce rapport, et c’est une première, annonce que l’épidémie pourrait être endiguée d’ici à 2030. En tous cas, les moyens pour réaliser ce projet existent.
Le rapport de l’ONU, qui s’appuie sur les travaux de dizaines de chercheurs, comporte toutefois une facette moins enthousiasmante. Si le Sida n’est pas endigué d’ici 2030, il pourrait redevenir incontrôlable, alors même que de spectaculaires progrès ont eu lieu ces dernières années pour mettre un frein à l’épidémie.
L’ONU-Sida, l’agence des Nations Unies de lutte contre la maladie, incite donc les pays touchés à se fixer des cibles « accélérées » pour combattre la maladie et éviter jusqu’à 21 millions de décès liés à la pandémie. « Nous avons infléchi la trajectoire de l’épidémie, a affirmé Michel Sidibé, directeur général d’ONU-Sida. Nous avons maintenant cinq ans devant nous pour l’endiguer pour de bon ou voir l’épidémie repartir et devenir hors de contrôle. »
L’agence se fixe ainsi des objectifs accélérés à l’horizon 2020 en utilisant la formule « 90-90-90 » : 90 % des personnes infectées avec le VIH doivent le savoir; 90 % des séropositifs doivent suivre un traitement; 90 % de ceux qui sont traités doivent voir leur charge virale supprimée (devenue indétectable).
Selon le Rapport sur les écarts de l’ONU-Sida, 1,5 million de personnes dans le monde sont mortes de maladies liées au sida en 2013. En 2013, on estimait qu’environ 35 millions de personnes sur la planète vivaient avec le VIH. À l’échelle nationale, on estime qu’environ 71 300 Canadiens vivent avec le VIH. Quant à la part de nouvelles infections, on les estime à 3000 par an. Un chiffre en baisse au Canada depuis quelques années.
La moitié des gens qui vivent avec le VIH au Canada sont des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Une surreprésentation qui en fait le principal groupe à risque. Toutefois, la nature de la maladie et surtout ses traitements ont bien changé. Aujourd’hui, une personne traitée convenablement a une espérance de vie similaire à celle du reste de la population. De même, si le traitement est bien pris, elle n’est plus infectieuse pour ses partenaires sexuels.
Pourtant, de nombreux défis sont encore à relever pour la communauté du VIH. Au Canada, la criminalisation de la non divulgation de son statut avant une relation, quelle que soit la charge virale, les protections utilisées, qu’il y ait transmission ou non, est une préoccupation majeure. De même que la prolifération du virus en prison, chez les personnes qui s’injectent des drogues ou chez les aborigènes, plus touchés en moyenne que le reste de la population.