Son personnage surgit au milieu du deuxième acte dans une grande scène où le valet Figaro se retrouve confronté à tous ses mensonges sur fond d’amour, de conspiration et de ridicule. Olivier Laquerre interprète Antonio, le jardinier du château, dans Les Noces de Figaro, du 26 octobre au 4 novembre au Théâtre Elgin de Toronto.

En faisant le choix de l’opéra buffa de Mozart inspiré de la comédie de Beaumarchais, l’Opéra Atelier entame la saison 2017-2018 par une valeur sûre, déjà présentée en 2007 et 2010. Olivier Laquerre y jouait d’ailleurs le rôle-titre, donnant la réplique à sa promise Mireille Asselin (Suzanne).

Cette fois, le baryton québécois se mue en domestique (et oncle de Suzanne) avec une certaine assurance : « Quand on connaît la nature et le rythme des scènes, c’est très facile d’incarner un autre personnage et de cerner précisément sa psychologie, d’autant qu’Antonio est secondaire. Les dialogues sont moins conséquents et l’on peut focaliser son attention sur l’interaction avec les autres protagonistes. »

Maladroit, sale et alcoolique, Antonio contraste avec l’élégance et les manières bourgeoises de ses maîtres, un monde auquel il rêve d’appartenir, en vain. « Avec ce personnage, on va au bout des aspects comiques », se réjouit M. Laquerre qui affectionne les héros extravagants au caractère bien trempé. Ses deux personnages fétiches restent Papageno dans La Flûte enchantée et Méduse dans Persée.

« L’amplitude du drame détermine la hauteur de voix la plus adaptée. L’exubérance doit être poussée dans l’aigu. Dans Méduse, on retrouve le plus de notes dans l’aigu du baryton. On ne peut pas chanter au milieu de la voix. Si je chantais Papageno en basse, ça donnerait un gros drame chanté par un vieux », analyse celui dont le cœur oscille entre l’opéra et le concert. « J’adore les deux, l’opéra exige des répétitions pendant quatre à cinq semaines pour être à l’aise dans la chorégraphie. C’est un exercice plus physique aussi car il faut être capable de chanter et se mouvoir, parfois même courir, pour exprimer une intention, dessiner un trait de caractère, etc. tout en ménageant son souffle pour le chant. Mais c’est aussi un spectacle visuel incomparable, une interaction et des fous rires, dans des lieux parfois magiques comme Versailles. »

La première des six représentations aura lieu le 26 octobre, sous la direction de Marshall Pynkoski dont la marque de fabrique est d’aller chercher dans le texte, le sens, et dans la musique, le tempo, sans jamais se départir de l’intention historique de l’œuvre originale. « C’est une mise ne scène claire qui reflète l’époque, qui attache de l’importance au sens des mots pour ne pas perdre les spectateurs. C’est ce qui la rend accessible et authentique », conclut Olivier Laquerre.

Photo : Olivier Laquerre, ici en Méduse dans Persée, sera Antonio dans Les Noces de Figaro.