Oasis Centre des femmes (OCF)a célébré ses 27 ans le jeudi 5 mai. La cérémonie s’est déroulée dans un hôtel du centre-ville de Toronto dans le cadre du mois des agressions à caractère sexuel. L’organisme soulignait les accomplissements des Franco-Ontariennes sous le thème « à cœur ouvert sur les agressions à caractère sexuel ».
Tout a commencé par un cocktail, suivi de la bénédiction ou reconnaissance du territoire autochtone par Diane Montreuil. L’animateur, auteur-compositeur et interprète Abel Maxwell a ensuite présenté Nathalie Pelletier, présidente de conseil d’administration de l’organisme.
« Pour Oasis, c’est mon premier événement depuis très longtemps. Maintenant que la pandémie est presque derrière nous, j’ai hâte de découvrir personnellement toutes les femmes et comprendre les enjeux d’Oasis, a affirmé la présidente.
« Sur certains profils des réunions que nous avons déjà eues, j’ai constaté que cette équipe est vraiment dynamique et très engagée, et croit vraiment à la mission d’OCF. Depuis quelques années, la situation des femmes dans le monde s’est vraiment détériorée. Et par rapport à ce que l’on constate chez nos voisins du Sud au cours des derniers jours, c’est vraiment difficile de croire que le droit des femmes à l’avortement en 2022 puisse être ramené à la Cour suprême. « À l’heure actuelle, avec la guerre en Ukraine, ce sont des atrocités que l’on voit chaque jour, et qui sont malheureusement commises contre les femmes et de très jeunes filles. Cette situation me touche personnellement », a déclaré Mme Pelletier.
La directrice générale d’Oasis, Dada Gasirabo, a également soulevé un autre problème.
« Ces 27 années ont été une combinaison de plusieurs choses parce qu’Oasis n’est pas juste une offre de services, mais c’est aussi un mouvement, une revendication politique. Comme francophones, nous sommes minoritaires, mais nous subissons aussi l’oppression de la majorité, a mentionné la directrice générale d’OCF.
« Cela se démontre au niveau des services. Lorsque nous mettons sur pied un organisme, nous devons allouer des ressources et nous devons justifier combien de francophones nous desservons. Cependant, à Oasis, une femme suffit pour nous donner une indication qu’il y a de la violence dans nos communautés », a insisté Mme Gasirabo.
Ensuite, une discussion animée par Inès Benzhagou a eu lieu avec les intervenants Viviane Kone (avocate au Centre francophone), Hirut Melaku (intervenante pour Third Eye Collective), Jo-Anne David (directrice générale de Colibri), Dada Gasirabo et Serge Paul (représentant les hommes alliés à la cause des femmes).
Au cours de leurs exposés, les panélistes ont donné des statistiques concernant les cas de violences sexuelles ainsi que leurs conséquences dans les ménages. Il se révèle que chaque nuit, 3491 femmes et 2724 enfants dorment dans des refuges parce qu’ils ne sont pas en sécurité.
« Au Canada, nous observons essentiellement l’impunité pour les hommes sexuellement violents, avec moins de 1 % des prédateurs d’agressions sexuelles tenus responsables », mentionne-t-on au cours de la présentation.
Par ailleurs, « à l’échelle mondiale, plus de 20 pays autorisent encore les agresseurs à épouser leurs victimes pour échapper aux poursuites », ont regretté les responsables d’Oasis. La célébration de ces 27 ans d’accompagnement par les services d’OCF aux victimes d’agressions sexuelles a également révélé que 39 % d’entre elles sont agressées depuis l’âge de 15 ans.
Le même bilan dénonciateur indique que 55 % des femmes interrogées dans 57 pays confirment qu’elles prennent leurs propres décisions en toute connaissance de cause concernant les relations sexuelles, l’utilisation ou non de contraceptifs et le recours à des soins de santé reproductive.
Pour rassurer l’auditoire, Mme Gasirabo a rappelé qu’Oasis apporte un soutien inconditionnel aux femmes victimes de toutes sortes d’agressions. Pour preuve, 85 % des employées et membres du CA font partie du groupe client Personne autochtone, noire, et de couleur. Au cours des 25 dernières années, Oasis a soutenu 2500 clientes, tous les programmes confondus en 2021. En retour, l’organisme reçoit 600 $ pour 6 heures de soutien en counseling par cliente. La soirée riche et fructueuse s’est terminée par une danse africaine sur une musique d’ambiance exécutée par le groupe d’animation Idanga.
Photo : Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis (Photo : Éric Bekindeck)