L’an prochain, cela fera 20 ans qu’Oasis Centre des femmes (qui vient tout juste de valider son nouvel acronyme OCF) tend la main aux femmes francophones en difficulté, et 20 ans que cette association gérée par et pour des femmes fait changer les mentalités. Le tout, dans une certaine discrétion. Ce sont les activités mêmes d’Oasis qui l’exigent. Oasis gère notamment une ligne d’appels en urgence, Fem’aide (1 866 860-7082), pour les femmes en situation précaire et, parmi elles, les victimes de violences.
Oasis a donc tenu son assemblée générale annuelle, dans l’auditorium du YWCA, rue Elm, le 12 septembre dernier, devant une trentaine de personnes, dont trois hommes. La réunion a été présidée par Jeanne Françoise Mouè, présidente de la Maison d’hébergement pour femmes francophones en situation difficile. Fait intéressant, c’est d’un des trois hommes du public qu’est venue la première question de fond de la réunion. Chez Oasis, si des hommes peuvent être membres de l’organisation, le conseil d’administration est exclusivement féminin. D’où cette interrogation : « N’est-ce pas discriminatoire? ». La réponse fut apportée en trois temps. D’abord, il s’agit d’une volonté des membres de l’organisation. Ensuite, Oasis fonctionne selon le principe du « par et pour » les femmes.
Les membres du conseil d’administration ont d’ailleurs souligné que les hommes avaient de nombreux autres rôles à jouer dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Enfin, la lumière est sans doute venue d’une « cliente » d’Oasis, qui a déclaré simplement « plus à l’aise avec des femmes ». Le bon sens même.
Une fois cette question élucidée, la réunion pouvait reprendre son cours habituel. La présidente de l’association, Rahma Hashi, s’est déclarée « fière d’avoir contribué, durant ces 20 ans, et grâce à une approche et une analyse féministe de la violence, à accompagner environ 2500 femmes à la reprise individuelle et collective de leur pouvoir ». En ce qui concerne l’année écoulée, la présidente a souligné « la concrétisation des partenariats pour l’offre active de services en français en violence faite aux femmes ».
Quant à la directrice générale, Dada Gasirabo, elle a décrit les travaux en cours de l’organisme, notamment le changement des attitudes en impliquant la communauté. Elle a également détaché plusieurs profils de femmes desservies par Oasis. « Counseling » (78 femmes servies), « Appui transitoire et soutien au logement » (118), « Soutien à la cour familiale » (68), « Femmes immigrantes et réfugiées » (175), « Élan » (61). Des femmes issues de 26 pays de presque tous les continents.
Mme Gasirabo a également relevé que 50 % des femmes desservies ont été référées par une autre femme. Elle a aussi déclaré que le contexte municipal actuel était « terrible pour le logement des femmes » à Toronto. Et qu’elle avait beaucoup d’espoir pour la prochaine mandature.
L’an prochain, Oasis Centre des femmes, fêtera ses 20 ans. À l’échelle des organismes, c’est énorme. Et cela montre, si besoin était, que son travail est plus que jamais indispensable.
Photo : Des membres du conseil d’administration d’Oasis