Lorsqu’il s’agit de faire chanter le bois des instruments classiques pour en extraire le meilleur de la Belle Province, les musiciens du groupe Le Vent du Nord sont toujours à l’heure. À l’occasion d’une mini-tournée en Ontario, les quatre virtuoses québécois s’arrêteront à Aurora le 1er mai. Un évènement d’importance, vu que cette formation jouit d’une solide réputation internationale et a déjà à son actif deux prix Juno.
La musique traditionnelle est en plein renouveau, ce qui est aussi vrai que paradoxal, et Le Vent du Nord est un grand architecte de ce mouvement. Voilà maintenant 14 ans qu’il tourne sans relâche (plus de 1000 spectacles) devant son public, a produit pas moins de 7 albums, disséminant morceaux originaux et musique tirés du répertoire classique du Québec. Composé de Nicolas Boulerice, Simon Beaudry, Olivier Demers et Réjean Brunet, tous chanteurs et multi-instrumentistes, le groupe poursuit son bonhomme de chemin et multiplie les représentations en Amérique du Nord et en Europe.
Voilà maintenant deux ans que le dernier disque est sorti, et certaines rumeurs laissent entendre qu’une nouvelle production pourrait bientôt voir le jour. M. Demers, violoniste et guitariste, commente ces allégations : « Le prochain album studio arrivera en mars », affirme-t-il joyeusement. Lorsqu’il est question de création, la réponse est sans équivoque : « On a plein d’idées, mais le temps nous manque. On aime faire de la recherche ». Quant au choix de s’orienter vers la musique traditionnelle, il est totalement assumé et enthousiaste : « C’est une très belle musique, dit-il. Nicolas et moi, on s’est retrouvés au Cégep, où on étudiait le jazz, un style très américain. On s’est dit que nous aussi nous avions un style à nous, ce ne sont pas que des chansons à boire ou rigolotes. Il y a un répertoire immense! Au violon, je connais plus de 1000 chansons traditionnelles. » Hypnotisés par la façon dont ce genre s’est construit et transmis, ils aiment cet esprit de respect des aînés et cette façon de vivre si particulière, qui donne beaucoup de bonheur selon lui. « C’est une façon de savoir d’où est-ce que l’on vient, il y a de la recherche identitaire et sociale dans cette musique », ajoute-t-il.
Reconnaissant leur rôle dans la renaissance de la musique traditionnelle, Olivier Demers reste modeste et affirme que Le Vent du Nord n’est qu’un maillon de cette grande chaîne. « On a le respect de la matière originale, de la façon dont ça s’est fait. C’est une synthèse des aînés, affirme le musicien. On cherche à la faire évoluer sans la dénaturer, mais pour cela, il faut connaître le sujet en profondeur. »
Faire des représentations en Ontario est plus qu’un plaisir pour lui, c’est une relation artistique à entretenir : « C’est important d’y aller en bon voisin, ça faisait longtemps qu’on n’était pas venus dans la région. » La province a vraisemblablement autant d’importance pour le groupe que les nombreux pays européens dans lesquels ils tournent régulièrement.
Le futur du Vent du Nord est plus personnel, et chaque membre semble en avoir sa propre vision : « Je parle en mon nom, avertit M. Demers avec précaution. Nous sommes un groupe qui discute beaucoup, on se confronte, on se stimule, et je veux que ça continue. J’aimerais intégrer un autre musicien pour que l’on soit cinq, explorer les arrangements, tourner mieux et moins ». Il est vrai qu’avec 100 à 120 spectacles par an, chacun peut aisément comprendre l’énergie impliquée.
Enfin, pour ce qui concerne leur prochaine performance à Aurora, il n’y qu’un seul mot d’ordre : « On invite les gens à venir voir notre spectacle et à nous contacter via les réseaux sociaux », conclut-il. Une déferlante d’ondes québécoises qui ont d’ores et déjà conquis le monde, et qui devraient créer la surprise auprès du public ontarien.
Photo : Le Vent du Nord à Chants de Vielles 2013