Lorsqu’il est question de féminité et de sensualité, un nom vient toujours à la bouche : Marilyn Monroe. Icône des années 1950 pour ses talents de comédienne, élevée au rang de sexe-symbole par toute une génération, elle reste gravée dans les mémoires comme une beauté immuable, qui traversa les âges.
Les hommages à sa personne se succèdent, et le nombre d’expositions dont elle fait l’objet ne faiblit pas. C’est au tour du Ryerson Image Centre d’offrir des œuvres liées à Mme Monroe, et plus particulièrement aux standards qu’elle a imposés par le biais de son image. « Ça m’intéressait de parler de nous et du glamour », explique Gaëlle Morel, curatrice d’expositions au Ryerson Image Centre. Doctorante en histoire de l’art avec spécialisation en photographie, cette Française fut d’abord nommée commissaire du Mois de la Photo à Montréal en 2008 avant de rejoindre Toronto et Ryerson en 2010, à la fin de la biennale.
Le centre d’imagerie de l’Université est une vraie mine d’or, et plus particulièrement en ce qui concerne la photo, puisque la collection de l’établissement compte plus de 300 000 unités, qui sont essentiellement des tirages de la fameuse agence de presse new-yorkaise Black Star. « Dans cette collection, il y a beaucoup d’images de célébrités que nous avons sélectionnées pour représenter le glamour, dit Mme Morel. Pour une agence de presse, ce type de photo est très important car il génère beaucoup de revenus. En regardant le tout, je me suis rendue compte que nous avions une série sur Marilyn Monroe. »
Selon elle, il ne s’agit pas d’une suite logique mais plutôt d’une succession d’images la représentant avec un thème précis, plusieurs moments de son existence, publique d’une part, comme en atteste le cliché de Gene Daniels lors de la cérémonie de remise des Golden Globe en 1962, et privée d’autre part, puisque plusieurs photos la présentent dans son environnement de travail, en dehors du formatage de l’industrie de l’image. « Le photographe tombe amoureux du modèle en la photographiant, il s’oublie presque en raison de son obsession pour elle », ajoute-t-elle.
Le terme « glamour » est lui-même extrait du cinéma hollywoodien et a trait à la séduction. L’origine étymologique du mot est écossaise et désigne un sortilège, utilisé par diverses créatures légendaires comme les fées, qui permettait de modifier son apparence. Marilyn Monroe personnifie cette notion américaine du grand écran, avec toute l’aura intrigante et mystérieuse qu’elle peut revêtir.
Si l’exposition explique la construction de ces standards visuels, elle s’attarde également à la déconstruire en expliquant leurs failles : « Ce sont des robes particulières, ou une certaine façon de se tenir qui constituent cette tendance, affirme-t-elle. Le glamour est souvent représenté par des femmes, jeunes et blanches, et beaucoup d’artistes travaillent contre ce standard. » La curatrice a justement intégré des propositions de créateurs pour contrer cette idée qui semblent figée dans le marbre. Des travaux de Richard Avedon, Cindy Sherman, Mickalene Thomas et Andy Warhol sont donc proposés en marge des photographies de Mme Monroe, afin de traiter le sujet sous tous les angles. « La photographie glamour a fait rêver, mais tout est faux en réalité, conclut-elle. Il s’agit ici de célébrer la diversité, la différence. Tout le monde a droit au glamour. »
Intitulée Burn With Desire : Photography and Glamour, cette exposition se poursuit jusqu’au 5 avril au Ryerson Image Centre, situé au 33 rue Gould à Toronto.
Photo : Manfred Linus