De retour à Toronto. Après avoir roulé sa bosse dans tout le pays et sur toute la surface du globe depuis son Montréal d’élection, Marie-Josée Roy fait son grand retour dans la Ville reine. L’artiste-peintre et sculptrice vient s’y plier à un exercice de style qu’elle connaît maintenant sur le bout des doigts : son vernissage.
La galerie Thompson Landry présente, à compter du 15 novembre prochain, sa toute nouvelle exposition Magnétisme, une collection d’objets hétéroclites faisant fusionner les arts de la peinture et de la forge et même de la gravure à l’eau forte.
Original? Sans doute. La jeune femme est régulièrement invitée à exposer son travail depuis une dizaine d’années déjà, essentiellement sur le continent nord-américain. Miami, Los Angeles, New York et, bien sûr, Montréal : partout où passe cette Québécoise, ses œuvres suscitent la même fascination et la même admiration. Si l’artiste un brin mystique – consulter son site pour comprendre – est parvenue à se faire un nom, c’est probablement parce qu’elle a choisi une veine singulièrement brute de décoffrage : le travail du fer.
Meulage, soudure, polissage : les sceptiques peuvent voir Marie-Josée Roy à l’œuvre dans L’œil de la forgeronne, un documentaire de 19 minutes qui accompagne l’exposition et qui sera projeté pour la première fois à Toronto lors de l’inauguration de l’exposition.
Le film, signé Pierre Bundock et Guy Pelletier, est qualifié d’expérimental. En visionnant le court extrait accessible sur site de la galerie, on comprend mieux pourquoi. Entre deux plans fixes sur l’artiste feignant d’émerger d’un profond retrait intérieur, des images saccadées se succèdent, montrant tantôt l’artiste en train d’usiner une pièce métallique, tantôt l’envers de son atelier, où l’on devine tout un fatras de matériaux attendant la sublimation de la soudure à l’arc.
Sur son site Internet, l’artiste revient sur ses partis pris esthétiques et l’étroite relation que celle-ci a nouée avec son matériau de prédilection. « Marie-Josée ressent le métal comme s’il était devenu une partie de son corps. Une seconde peau. Une armure », est-il écrit.
Si le propos ici est de rappeler que l’art procède de la fusion d’un esprit et d’un matériau, alors il est préférable se reporter directement sur ses œuvres pour en avoir une illustration concrète. Chaque pièce est la matérialisation des concepts et des obsessions qui parcourent le travail de Marie-Josée Roy, qui paraît trouver ses sources d’inspiration dans les registres des sciences physiques et liturgiques pour nommer ses artefacts.
Certaines pièces retiennent l’attention plus que d’autres. À la vue de ses personnages de fer filiformes, on ne peut s’empêcher d’être frappé par un sentiment de déjà-vu. Face à L’Antre et à L’Encrage, ou même à Magnétisme, trois des sculptures les plus puissantes de Marie-Josée Roy, le visiteur ne manquera certainement pas de déceler une filiation avec les sculptures d’Alberto Giacometti (1901-1966), le célèbre artiste suisse.
Ses silhouettes métalliques, L’Homme qui marche notamment, qui est à la fois la plus célèbre et la plus éloquente, semblent procéder de la même démarche esthétique. Lui aussi ambitionnait de contenir la fragilité de l’humanité dans un de ses squelettiques pantins marchant vers son destin. À voir, sans tarder.
Photo : Marie-Josée Roy.