C’est sur la scène du studio Glenn Gould à Radio-Canada que les deux artistes se sont produits ensemble le jeudi 21 mars pour lancer une semaine de concerts, d’expositions, de forums, de rencontres et de théâtre. Toronto entamait alors sept jours destinés à célébrer la culture francophone.

Trois heures plus tôt, Graham Fraser, commissaire aux langues officielles, Robert Renaud, directeur de la région Ontario à Radio-Canada et Lise Marie Baudry, directrice générale du Centre francophone de Toronto, avaient officiellement lancé le départ des festivités dans l’atrium de Radio-Canada.

« Cette ville célèbre aujourd’hui la diversité, la créativité et l’énergie de la communauté francophone mondiale », déclarait M. Fraser devant un parterre de personnalités et invités du monde francophone torontois. Il soulignait par ailleurs que les francophones ne se sentent plus comme des exilés dans la Ville reine, comme c’était le cas quand il y résidait lui-même dans les années 1970. Selon lui, l’organisation d’un événement d’une telle ampleur est impressionnant puisque certains francophones qui viennent s’installer au Canada anglophone ne perçoivent pas toujours comme une priorité le fait de vouloir s’intégrer dans une culture minoritaire.

Andrea Lindsay et Luc De Larochellière n’ont manifestement pas eu de problèmes pour surmonter les différences linguistiques et culturelles que trahissent leurs origines. Complices dans la vie et maintenant sur la scène, la belle Ontarienne et le séduisant Québécois ont lancé à l’automne dernier leur premier album C’est d’l’amour ou c’est comme.

Chacun d’entre eux peut se targuer d’être un auteur-compositeur et interprète à part entière. Luc De Larochellière connaît un franc succès depuis la sortie de son premier album Amère America en 1988. Par la suite, d’autres comme Sauvez mon âme, Vu d’ici et Un toi dans ma tête lui ont permis de s’établir comme un artiste confirmé. Andrea Lindsay, originaire de Guelph et francophile, fit une percée remarquée dans le monde musical francophone lors de la parution de son premier album La belle étoile en 2006. La sortie de son second album Les sentinelles dorment aboutit à l’obtention d’un Juno « Meilleur album francophone » en avril 2010.

« Nous n’avons pas eu à chercher longtemps pour établir une complicité sur la scène », explique Luc, à la question de savoir si le fait d’être un couple dans la vie a facilité leur collaboration artistique. Andrea ajoute qu’à deux on ressent moins le poids de la responsabilité lors d’un spectacle. La symbiose entre la voix puissante et juste de Luc et celle d’Andrea, pleine de fraîcheur et d’énergie, s’est parfaitement effectuée dès leur premier morceau interprété ensemble Dans tes yeux.

Pour cette soirée, les spectateurs eurent droit à un cocktail de chansons issues à la fois de chacun des deux répertoires ainsi que de leur tout nouvel album produit en commun. Les connaisseurs ont apprécié la qualité du texte chez Luc dans J’ai vu de même que son humour dans Cash City. Andrea aura su rappeler à ses fans son sens de la poésie dans Demain dès l’aube ainsi que son dynamisme dans Le charleston.

C’est un regard véridique sur l’amour que les deux artistes ont choisi de porter dansC’est d’l’amour ou c’est comme. Loin des clichés faciles et simplistes, les amoureux reconnaîtront les embûches de la vie à deux (Le problème avec toi), le coup de foudre (Dans tes yeux), la folie (Mad Dogs and Englishmen), la déception (Tiergarten) ou même la disparition (Disparu au large). Le couple d’artistes a su produire un album attrayant et professionnel.

Le public sembla apprécier puisque les deux artistes et leurs trois musiciens furent rappelés à deux reprises. Ceux qui ont manqué cette première à Toronto auront l’occasion de se rattraper puisque le couple annonce une tournée en Ontario au printemps 2014.

Photo : Andrea Lindsay et Luc De Larochellière