GENÈVE, Suisse – L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, le jeudi 30 janvier, que l’épidémie de coronavirus 2019-nCoV constitue désormais une urgence de santé publique de portée internationale.

Le virus a été exporté vers une dizaine de pays et le nombre de cas s’est multiplié par dix en une semaine.

L’agence de santé des Nations unies définit une urgence internationale comme un « événement extraordinaire » qui constitue un risque pour d’autres pays et nécessite une réponse internationale coordonnée.

La Chine a informé l’OMS pour la première fois des cas du nouveau virus fin décembre. À ce jour, la Chine a signalé plus de 7800 cas, dont 170 décès. Dix-huit autres pays ont depuis signalé des cas, cependant que les scientifiques se précipitent pour comprendre exactement comment le virus se propage et sa gravité.

Les experts affirment qu’il existe des preuves significatives que le virus se propage chez les personnes en Chine et ont noté avec inquiétude plusieurs cas dans d’autres pays – notamment aux États-Unis, en France, au Japon, en Allemagne, au Canada et au Vietnam – où il y a également eu des cas isolés de transmission humaine.

Une déclaration d’urgence mondiale apporte généralement plus d’argent et de ressources, mais peut également inciter les gouvernements nerveux à restreindre les voyages et le commerce dans les pays touchés. L’annonce impose également aux pays davantage d’exigences en matière de notification des maladies.

Le 30 janvier, la Chine a augmenté le nombre de morts à 170 et plus de pays ont signalé des infections, dont certaines se propagent localement.

La Russie a annoncé qu’elle fermait sa frontière de 4200 kilomètres avec la Chine, entre la Mongolie et la Corée du Nord, en interdisant les passages pour se prémunir contre une nouvelle épidémie virale. La frontière avait été fermée dans les faits en raison des vacances du Nouvel An lunaire, mais les autorités russes ont déclaré que la fermeture serait prolongée jusqu’au 1er mars.

Le trafic ferroviaire entre les pays a été interrompu à l’exception d’un train reliant Moscou et Pékin, mais le trafic aérien entre les deux pays s’est poursuivi, du moins pour l’instant.

La Russie n’a confirmé aucun cas de virus.

Pendant ce temps, les États-Unis et la Corée du Sud ont confirmé leurs premiers cas de propagation de virus de personne à personne.

Aux États-Unis, l’homme est marié à une femme de Chicago âgée de 60 ans qui est tombée malade du virus après son retour d’un voyage à Wuhan, la ville chinoise qui est l’épicentre de l’épidémie.

Le nouveau virus a maintenant infecté en Chine plus de personnes que ne l’avait fait le virus du SRAS en 2002-2003. Les deux virus sont de proches parents génétiques.

La Chine a prolongé ses vacances du Nouvel An lunaire jusqu’à dimanche pour essayer de garder les gens à la maison, mais la vague de voyageurs qui reviennent pourrait potentiellement propager le virus.

À ce jour, environ 99 % des cas se trouvent en Chine. On estime le taux de mortalité du nouveau virus à 2 %, mais ce chiffre est très préliminaire. Avec un nombre fluctuant de cas et de décès, les scientifiques ne sont en mesure de produire qu’une estimation approximative du taux de mortalité et il est probable que de nombreux cas moins graves de virus passent inaperçus.

En comparaison, le virus du SRAS a tué environ 10 % des personnes qui l’ont attrapé. Le nouveau virus appartient à la famille des coronavirus, qui comprend ceux qui peuvent provoquer le rhume ainsi que des maladies plus graves telles que le SRAS et le MERS.

Les autorités chinoises ont exigé que toute personne voyageant depuis ou via Wuhan se présente aux autorités sanitaires et s’auto-isole pendant 14 jours, la période d’incubation maximale pendant laquelle les patients peuvent être infectieux même s’ils ne présentent pas de symptômes.

La Chine a été largement saluée pour une réponse rapide et efficace à l’épidémie. Les dirigeants de l’OMS ont d’ailleurs redoublé d’efforts, jeudi, pour louanger la réponse chinoise, martelant à plusieurs reprises que la déclaration d’urgence de santé publique de portée internationale ne constitue en rien une réprimande des efforts chinois.

Cela contraste fortement avec la réponse initiale au SRAS, lorsque les rapports médicaux étaient cachés comme des secrets d’État. La réponse tardive a été accusée d’avoir permis à la maladie de se propager dans le monde, tuant environ 800 personnes.

SOURCE : Ken Moritsugu, The Associated Press