L’annonce de Hubert Lacroix, président-directeur général de Radio Canada, a eu l’effet d’un coup de tonnerre. La célèbre compagnie canadienne de presse va devoir poursuivre ses activités avec 130 millions $ en moins dans ses caisses.

En cause, notamment, la cession des droits de diffusion des matchs de la Ligue nationale de hockey à Rogers, représentant un énorme manque à gagner pour le groupe. Les divisions sportives seront de fait les plus affectées. Les salariés ont accueilli la nouvelle plutôt froidement le jeudi 10 avril, compte tenu que 657 postes à temps plein vont être supprimés d’ici 2016. Les services français perdront 230 emplois cette année sur 312, soit une compression de 42,2 millions $, tandis que celle des services en anglais s’élèvera à 82,2 millions $.

Manon Côté, chef des communications de Radio-Canada en Ontario, annonce la perte prochaine de quatre postes dans la province. Ils concernent principalement l’animation régionale sur Espace Musique, comprenant un poste à Toronto et un autre à Sudbury, ainsi que deux postes vacants qui ne seront pas comblés. « Les autres stratégies seront maintenues », affirme-t-elle. Une coupe sombre immédiatement dénoncée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération nationale des communications-CSN et le Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN). Ceux-ci craignent pour la qualité de l’information et le respect des obligations de la société d’État. Ces dernières comprennent entre autres l’indépendance financière vis-à-vis du privé et la représentation de la diversité régionale. Tous exigent la tenue d’un débat sur l’avenir de Radio-Canada.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (l’Assemblée) a également fait part de son inquiétude et demande au gouvernement fédéral de tout faire pour que les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) puissent être desservies. Une adresse faite au nom de la communauté franco-ontarienne. Le président de l’Assemblée, Denis Vaillancourt, s’interroge quant aux grands évènements à venir, par voie de communiqué. « La Société Radio-Canada sera-t-elle en mesure de poursuivre son travail […] et de répondre ainsi à ses obligations en matière de langues officielles?, s’interroge-t-il. […] Plusieurs grands évènements vont avoir lieu dans les prochaines années. Je pense au 400e anniversaire de présence française en Ontario et aux Jeux Panaméricains et Parapanaméricains en 2015, puis au 150e anniversaire de la confédération canadienne en 2017… Il paraîtrait inconcevable que Radio-Canada ne soit pas présente dans ces grands moments […] »

L’assemblée publique organisée par Radio-Canada aux horizons 2014 à Ottawa doit faire, selon lui, l’objet d’une participation massive de la part des Franco-Ontariens afin de lancer le fameux débat public demandé par un grand nombre d’organisations. La colère est palpable un peu partout dans le pays, et cette compression semble être celle de trop. Certains accusent même Stephen Harper et son gouvernement de tout faire pour couler le fameux diffuseur public. La mobilisation s’annonce forte pour la communauté francophone de la province qui voit dans cette nouvelle un… manque de nouvelles.