Afin de célébrer le Mois de l’histoire des Noirs comme il se doit, le Musée royal de l’Ontario a mis en place un concours artistique de premier ordre, censé récompenser le créateur ayant le mieux cerné la problématique de ce mois si particulier.

La Vancouvéroise Karin Jones s’est démarquée en proposant une œuvre surprenante, sous la forme d’une grande robe noire, se tenant au milieu de balles de coton. Cette production sort de l’ordinaire pour cette joaillère de toujours qui s’est d’abord intéressée à la sculpture il y a quelques années avant de porter toute son attention sur les cheveux. « Ceux en provenance d’Inde et portés par des Canadiens m’intriguent, explique-t-elle. Je voulais savoir combien de femmes s’y intéressent et pourquoi. »

Par le biais de son exposition intitulée Drapée dans son identité noire, elle a voulu montrer sa relation à cette culture noire : « Il s’agit d’une robe victorienne faite entièrement en cheveux, dit-elle. Elle exprime une certaine forme de tristesse, à propos de ces femmes qui n’acceptent pas leur identité noire. » Les matériaux utilisés sont les mêmes que pour les tresses africaines. Le résultat représente également l’histoire du Canada et de l’Empire britannique, en rapport au style choisi pour la tenue. Mme Jones, étant d’origine afro-canadienne et allemande, se sent personnellement confrontée à cette problématique : « J’ai grandi dans un quartier majoritairement blanc, et je faisais donc partie des minorités visibles, ajoute-t-elle. Je me suis intéressée au fait que, lorsque je portais des tresses, je devais m’expliquer sur ma différence aux autres enfants. Certains étaient juste intrigués, d’autres se moquaient de moi. C’était surtout une manière de savoir comment je voyais le monde. »

Le Mois de l’histoire des Noirs est pour elle une occasion de célébrer cette culture si particulière, et cette exposition concrétise une idée sur laquelle elle travaillait depuis de nombreuses années. « Le coton qui se trouve tout autour de la robe est rempli de mes propres cheveux, confie-t-elle. J’exprime ainsi le fait que je ne me sens pas liée à l’Afrique malgré mes origines. Mes ancêtres africains remontent à plus de 700 ans. »

Membre d’un collectif d’artistes basé à Cambridge, cette descendante de loyalistes noirs de la Nouvelle-Écosse a en tête de poursuivre la création de joyaux, mais cette fois-ci à base de cheveux. L’exposition Drapée dans son identité noire se poursuit jusqu’en novembre.

Photo : Une robe victorienne faite entièrement de cheveux – courtoisie du Musée royal de l’Ontario