Le mercredi 7 avril, l’Alliance française célébrait l’anniversaire de celui qui orchestra la Révolution haïtienne. Une figure historique de l’émancipation des Noirs, de la lutte contre l’esclavage, dont les actions ont su inspirer d’autres grands personnages largement impliqués dans cette cause, à commencer par Aimé Césaire. François-Dominique Bréda dit Toussaint Louverture est décédé il y a 212 ans, au Fort de Joux en France, emprisonné par les troupes de Napoléon Bonaparte. C’est à lui que l’humanité doit la célèbre phrase : « En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses ».
La foule était bien présente au théâtre de l’Alliance française et comptait des individus de tous âges et de tous horizons, à l’image des intervenants sur scène, qui sont venus tour à tour rendre hommage au grand homme. La jeune étudiante Abigail Isaac-Joseph est venue chanter l’Hymne des nègres avant que d’autres artistes ne viennent lui emboîter le pas avec des titres comme Haïti Chérie, Le Temps de vivre ainsi qu’un poème sobrement intitulé À Toussaint Louverture de Jean-Daniel Lafont et Rosena Joseph, sans oublier un spectacle de danse. Les discours furent nombreux, et la présence d’invités de marque tels que le Consul honoraire d’Haïti Éric Pierre, l’académicien Antoine Hirsch et l’historien Robert Morin, remarquée. Certains évoquent l’incompatibilité entre la Déclaration des droits de l’Homme et les sévices infligés au peuple haïtien par la nation qui la rédigea.
Au-dessus du « simple » hommage à un homme, c’est bien de tout un peuple dont il est question. Un peuple qui par le biais du symbole qu’est M. Louverture, revendique son droit à exister pleinement, à faire partie de l’humanité sans être considéré comme inférieur de quelque manière que ce soit. Également surnommé Le Spartacus noir, le héros fut loué pour ses compétences politiques et militaires qu’il a mises au service de l’ancienne colonie de Saint-Domingue. Une existence marquée par l’engagement envers les siens et dont il ne pourra voir la consécration avec la proclamation de l’indépendance de l’île le 1er janvier 1804, soit huit mois après sa mort.
Fierté et sourires étaient au menu de cette soirée particulière qui a en quelque sorte consacré la victoire de l’anticolonialisme. Majoritairement francophone, le public a malgré tout eu droit à une présentation dans les deux langues officielles et à une énergie positive de la part des animateurs qui ont su souligner toute l’importance de cette célébration, pour les générations présentes et futures.
Photo: Stephanie Louis et Léo Jean-Baptiste