C’est un témoignage poignant que livra Françoise Malby-Anthony au dernier symposium Ideacity.
Les oreilles collées à la tête, la queue levée et la trompe courbée vers le bas, Frankie fonçait à pleine vitesse vers Lawrence Anthony et son épouse Françoise Malby-Anthony. Soudain, Lawrence leva les bras en l’air et s’exclama en direction de l’éléphante : « C’est moi! Tu ne me reconnais pas? » C’est alors que le pachyderme s’arrêta tout net et reprit ses esprits, comme pour dire : « Ah c’est toi! ».
Si ce n’avait pas été pour ce coup de génie, Lawrence et Françoise ne seraient probablement pas sortis indemnes ce jour-là. C’est un peu par hasard que Lawrence a pu rentrer ainsi dans l’intimité des géants de l’Afrique. Homme d’affaires, il décida il y a près de 30 ans d’acquérir une propriété en Afrique du Sud pour en faire un sanctuaire d’animaux. Moins de 24 heures après leur arrivée, les sept premiers locataires décidèrent de mettre la poudre d’escampette. Après les avoir ramenés au bercail, Lawrence résolut de percer le mystère de leur escapade. Nuit et jour pendant 15 jours, Lawrence se promena calmement parmi les éléphants. Jusqu’au jour où Nana, la matriarche du troupeau, s’approcha et lui tendit la trompe. Depuis ce jour, Lawrence put s’approcher d’eux sans jamais être menacé, et même leur parler d’une voix douce.
« Nous avons besoin de nous reconnecter avec la nature. Les animaux eux ont un sens de la communication extraordinaire. Ils sentent le danger dans l’air. Il y a dans la nature des choses que même les scientifiques ne peuvent pas comprendre », expliquait Françoise Malby-Anthony, de passage à Toronto pour témoigner du fabuleux travail de son mari aujourd’hui décédé. Comment expliquer que cette même Nana, sentant qu’on allait déplacer un groupe d’antilopes vers une autre réserve, ouvrit le portail de l’enclos où on les gardait pour leur rendre la liberté? Ou encore pourquoi tous les 4 mars, date anniversaire de la mort de Lawrence, les éléphants viennent-ils en pèlerinage près de sa maison?
En plus de continuer à protéger les éléphants, Françoise abrite aujourd’hui des rhinocéros dans sa réserve de Thula Thula au pays des Zoulous. En Afrique du Sud, les braconniers tuent un rhinocéros toutes les neuf heures. Ce massacre a lieu pour la simple raison que dans certaines parties du monde on croit que sa corne est un puissant aphrodisiaque lorsqu’elle est réduite en poudre. Pour entraver cet infâme commerce, on injecte dans la corne un produit qui peut être détecté par des instruments de contrôle dans les aéroports. On y ajoute également un poison qui rendra malade celui qui consomme la poudre de corne. Françoise estime que le rhinocéros va disparaître sur le territoire sud-africain dans 10 à 15 ans si rien n’est fait pour les protéger. Il cite en exemple le Kenya, pays où il ne reste plus que quatre spécimens du rhinocéros blanc. Le braconnage des éléphants, un animal qu’on tue pour collectionner ses défenses en ivoire, semble être aussi en recrudescence.
Dans l’espace de 17 minutes, temps maximal accordé à chaque conférencier, Françoise sut non seulement captiver l’auditoire, mais aussi le rendre sensible aux dangers qu’encourent les rhinocéros et les éléphants d’Afrique australe. Fait d’autant plus remarquable que c’était la première fois que Françoise avait trouvé le courage de parler de son mari en public.
Pour visionner quelques-unes des conférences données à Ideacity : www.ideacityonline.com.
Photo : Grande affluence au symposium Ideacity