Le mercredi 24 janvier à l’Alliance française, l’historien et professeur à l’université York, Marcel Martel, a présenté une conférence intitulée La planète s’intéresse au Canada en 1867. La conférence, organisée par la Société d’histoire de Toronto, était divisée en deux parties : les politiciens canadiens qui, lors de la création de la Confédération, s’intéressaient au reste du monde et en particulier aux différents systèmes politiques ainsi que les pays qui s’intéressaient au Canada cette année-là.

Parlons de la seconde partie de la présentation, et donc des pays qui s’intéressaient au Canada en 1867. Certains pourraient penser que nos voisins du Sud, les États-Unis, s’y intéressaient. Cependant, la réponse de Marcel Martel est claire : les Américains étaient en pleine guerre de Sécession et, même après la guerre, ils ne s’intéressaient pas vraiment au Canada. Ils étaient beaucoup plus préoccupés par ce qui se passait chez eux.

En Europe, y avait-il des pays qui s’y intéressaient? Pour les Européens « l’agrégation du Canada ce n’est pas la naissance d’un nouveau pays souverain en quête d’une reconnaissance internationale. Pour eux, l’Empire britannique procédait à une réorganisation administrative de son empire », a indiqué le professeur.

Et la France dans tout ça? « Les Canadiens connaissaient davantage la France que l’inverse », poursuit M. Martel. L’Hexagone n’en avait donc pas grand-chose à faire de son ancienne colonie. L’empereur Napoléon III était plus préoccupé du sort de l’empereur Maximilien qui fut exécuté au Mexique – « un événement-choc pour la plupart des couronnes européennes » selon le conférencier.

Cela peut sembler troublant que la France prêtât peu attention au Canada, mais ses relations économiques avec l’ancienne colonie étaient limitées étant donné que cette dernière faisait partie de l’Empire britannique, et donc ses relations politiques l’étaient également.

Mais qui donc alors s’intéressait au Canada en 1867? L’empire austro-hongrois s’en préoccupait. Malgré le peu d’échange économique avec l’Empire britannique et donc le Canada, « ce qui intriguait la classe politique de l’empire, c’est la manière avec laquelle les politiciens canadiens ont géré le problème de la diversité ethnoreligieuse », a confié M. Martel.

D’autres pays s’intéressaient au Canada. C’est le cas de Cuba qui faisait partie à l’époque de l’Empire espagnol. L’Empire britannique réorganisait ces colonies en Amérique du Nord en octroyant davantage d’autonomie au Canada. « Cuba se disait : On veut la même chose. On veut rassurer l’Empire espagnol. On ne veut pas devenir indépendant. On veut juste avoir une autonomie similaire à ce que les Canadiens vont avoir. »

Pour Marcel Martel, les colonies de l’Empire britannique telles que l’Irlande, l’Australie et plus encore la Nouvelle-Zélande se préoccupaient du Canada. Par le biais de télégrammes, les deux pays de l’Océanie recevaient des informations venues du Canada et publiaient dans leurs journaux respectifs les débats de la Confédération. Pour sa part, la Nouvelle-Zélande avait « l’impression qu’elle vivait des problèmes similaires à ceux du Canada », a indiqué M. Martel.

« Je crois qu’on s’intéresse à ce qui se produit à l’extérieur de chez nous si ce qui se passe vient nous rejoindre, a conclu l’historien. Je suis persuadé que si le Canada avait demandé à cette époque à être indépendant, il y aurait eu d’autres parties du monde qui s’y seraient intéressées. »

PHOTO : Le professeur et historien Marcel Martel