Olaïsha Francis

Une conférence sur les droits d’accès à l’information et des services en français au Collège Boréal de Toronto le 4 juin réunissant deux figures clés de la protection des droits et libertés francophones dans la province : Patricia Kosseim, commissaire à l’information et à la protection de la vie privée (CIPVP), et Carl Bouchard, commissaire aux services en français.

Malgré l’existence de garanties légales, de nombreux francophones rencontrent des obstacles pour accéder aux services dans leur langue maternelle. Ces difficultés résultent d’un manque d’information, de confusion sur les régions désignées et d’une mise en œuvre inégale des politiques linguistiques. Par conséquent, il devient essentiel de comprendre l’étendue réelle de ses droits pour pouvoir les faire respecter.

Tout au long de la matinée, les commissaires ont répondu aux questions d’Annette Minka, journaliste de CHOQ FM et maîtresse de cérémonie.

Une invitée de taille était aussi présente, Edith Dumont, la première francophone à occuper le poste de lieutenante-gouverneure de l’Ontario. Elle a partagé un mot d’introduction : « Le sujet qui nous rassemble est fondamental et même vital. Derrière cette réalité de ne pas trouver assez de services en français se cache un malaise. Nous avons une responsabilité collective et même personnelle pour que ça s’améliore. »

Mme Dumont a rappelé que l’équité et l’amélioration continue des services sont des valeurs essentielles en Ontario. Une vision partagée par les commissaires présents, tous deux déterminés à combattre l’idée que le manque de services en français soit devenu une norme.

La commissaire Patricia Kosseim, en poste pour un second mandat, a présenté les grands axes de son rôle à la CIPVP, notamment la protection des renseignements personnels, la lutte contre la mésinformation et la défense du droit à l’information.

« Notre mission est de rehausser la confiance des Ontariens dans la protection de leur vie privée. »

Elle a détaillé les lois en vigueur, notamment celles autour des informations de santé, des services à l’enfance et les priorités stratégiques de son bureau. Les quatre priorités sont la protection de la vie privée et la transparence dans un gouvernement moderne, la protection des enfants dans un monde numérique, la confiance dans la santé numérique et la nouvelle génération des forces de l’ordre.

« Le monde change vite de même que la façon dont nous utilisons et partageons l’information. L’intelligence artificielle et la numérisation croissante de notre quotidien peuvent susciter de l’incertitude quant à l’avenir. Mais en assurant la transparence, l’accès à l’information et en prenant les mesures de protection de la vie privée dont nous avons besoin pour susciter la confiance de la population dans nos institutions publiques, nous pouvons façonner un avenir que nous souhaitons non seulement pour nous mais pour nos enfants », affirme Mme Kosseim

De son côté, le commissaire Carl Bouchard, a souligné les défis encore présents dans l’accès aux services en français. Il a annoncé plusieurs enquêtes en cours, dont une sur le manque de traduction dans les publicités gouvernementales.

« Plus de 2000 plaintes ont été signalées depuis mon arrivée. Il est temps de créer des espaces de confiance où les francophones peuvent faire valoir pleinement leurs droits », a-t-il ajouté.

Il encourage toute personne ayant vécu des difficultés dans des services tel Service Ontario ou autre structure publique à venir témoigner : « Des droits non utilisés sont des droits perdus. Pourquoi abandonner des acquis pour lesquels d’autres se sont battus? », questionne-t-il.

Appel à la mobilisation

Les deux commissaires ont souligné le rôle de la désignation en vertu de la Loi sur les services en français des institutions qui donne confiance, stabilité et reconnaissance aux francophones. Ils ont aussi rappelé les secteurs où les droits en français sont garantis : éducation, santé, services sociaux, garderies, soins de longue durée, entre autres.

« Vous devez être à l’aise de parler français en dehors du secteur privé », a insisté M. Bouchard.

Cette conférence fut un moment de prise de conscience mais surtout d’engagement. Face aux défis actuels, les intervenants ont rappelé l’importance de la vigilance citoyenne, de la transmission des acquis et de l’appropriation des droits linguistiques.

Photo  : De gauche à droite : la journaliste Annette Minka, Carl Bouchard et Patricia Kosseim (Crédit : Ombudsman Ontario)