Jean-François Gérard

Plusieurs classes bruyantes entrent dans l’auditorium de l’école secondaire Saint-Frère-André. Excités et curieux, les élèves d’autres écoles s’apprêtent à assister à la pièce Espèce : Ados. Les membres du Programme spécialisé des arts de Toronto (PSAT), de la 7e à la 12e année, ont donné trois représentations les 17 et 18 janvier.

Il s’agit d’un enchaînement de petites scènes qui explorent les liens entre parents et adolescents. « C’est comme des matchs de boxe », image en préambule Noémi Parenteau-Comfort, coordonnatrice du PSAT.

Parmi les thèmes : le téléphone, les incompréhensions, le ménage, prendre (ou non) sa douche, les styles vestimentaires, etc. Les décors sont minimalistes, mais un jeu sur les vêtements donne de la couleur et du relief aux dialogues et chamailleries.

Les différentes saynètes ont beaucoup de succès auprès du jeune public qui réagit soit en rigolant ou avec des intonations choquées et impressionnées. La représentation s’est enchaînée avec une courte séance de questions-réponses avec les élèves venus assister, très curieux.

« Ils étaient plus sûrs que la veille », remarque Billy Boulet, directeur artistique à l’issue de cette représentation, la deuxième donc. Le soir, une dernière séance, cette fois pour les adultes, était prévue. Dans tout ce processus artistique, qui a débuté dès septembre, ce qu’il a préféré est de voir les élèves « imiter leurs parents ».

Cléa, 16 ans, fait partie de la troupe. Elle pense que l’atmosphère sera différente le soir avec un public de parents. « Ils vont rire à d’autres choses que les enfants, prédit-elle. Dans cette pièce, il y a des blagues pour adultes et pour jeunes. » Voir le public ou ses camarades réagir, c’est ce qu’elle a le plus aimé dans cette expérience artistique. « Aujourd’hui, on a joué en tenant compte des rires, ce qui est vraiment difficile. » Lors de la première, elle ne se rappelle même plus de les avoir entendus tant elle était absorbée par son jeu. Elle espère que la pièce sera jouée dans le cadre du Festival de Théâtre Action en milieu scolaire.

La metteure en scène Djennie Laguerre, elle-même mère d’adolescents dit avoir apprécié le travail d’adaptation et de réécriture. « La pièce était très québécoise des années 1980 », décrit l’artiste extérieure à l’établissement. Les élèves ont modifié le texte de Denise Robitaille, enlevé certains passages et même ajouté trois scènes dans l’esprit du travail initial de l’auteure, qui avait justement monté ce spectacle avec une classe. « C’était drôle de voir qu’ils n’avaient aucune perception de ce qu’on voyait en tant que parents. Et moi, de ce qu’ils voient », raconte Djennie Laguerre.

Les jeunes comédiens ont également eu une pensée pour une professeure de biologie et une parente d’élève de l’établissement disparues en ce début d’année. Ils avaient choisi de maintenir les représentations, en forme d’hommage.

Photo : Espèce : Ados de l’école secondaire Saint-Frère-André