La Maison de la francophonie et l’Université de l’Ontario français, deux projets qui se cherchent un site commun d’implantation à Toronto, ne semblent guère mobiliser – ni même intéresser – la Ville.
Réunis le lundi 29 janvier au sein du Comité français de la Ville de Toronto (CFVT), responsables communautaires et fonctionnaires ont discuté de ces deux projets phares déjà bien avancés qui occupent les esprits de la communauté depuis plus d’un an.
Les mots de Brendan Nolan ont été sans équivoque : « Les employés municipaux ne voient pas une opportunité présentement pour appuyer le projet de la Maison de la francophonie. » Le fonctionnaire a par ailleurs qualifié le projet d’université de « politique » : « La Province n’a pas approché la Ville pour la mise en place d’une université dans la municipalité. »
Ce désintérêt a pris de court les francophones autour de la table, alors que l’adoption d’un projet de loi a entériné, en décembre dernier, la création d’une université localisée à Toronto et que l’idée d’une Maison de la francophonie sur le même site (encore à déterminer) fait l’objet d’un large consensus.
Élu vice-président du CFTV, Gilles Marchildon – par ailleurs directeur général de Reflet Salvéo – se dit étonné : « Notre dernier contact remonte à plus d’un an. On s’attendait à ce que certaines choses ne soient pas à jour mais les fonctionnaires ne sont pas au courant de détails importants, ni même de l’existence d’un projet de loi. C’est surprenant et décevant. »
Cette inertie bureaucratique en direction de la francophonie tranche avec le discours du maire. Dans une directive adressée le jour même de la réunion, John Tory a par exemple exhorté le CFTV à inclure le français dans toutes les communications publiques de la Ville. « Le français, en tant que langue officielle, devrait être une des langues dans lesquelles sont traduits les documents de la Ville. » Et de demander au Comité de « revoir la politique d’information multiculturelle pour déterminer si le français est desservi de manière adéquate par les services de la Ville et, si ce n’est pas le cas, de faire des recommandations par le biais du Comité exécutif sur les changements requis. »
« On a demandé à la Ville d’être plus proactive et que le Comité se réunisse plus régulièrement pour focaliser l’attention des fonctionnaires sur la francophonie », ajoute M. Marchildon.
Autour du coprésident, Diane Chaperon-Lor (administratrice au Club Canadien), Léonie Tchatat (présidente de La Passerelle-IDÉ), Ghislain Caron (directeur au Théâtre français de Toronto) et René Viau (vice-président du Centre francophone de Toronto) ont émis plusieurs recommandations. Ils souhaitent notamment entendre des représentants de la Maison de la francophonie et du Comité de mise en œuvre de l’Université, le 15 mai, lors de la prochaine séance du CFTV. « On n’a pas le pouvoir de mobiliser des ressources du personnel de la Ville, convient Gilles Marchildon, mais on peut porter des dossiers à son attention et lui demander des explications. C’est ce qu’on va faire. On veut que la Ville démontre un intérêt pour l’Université et parle au comité présidé par Dyane Adam. »
Photo (couverture) : entourée de Gilles Marchildon et Ghislain Caron, Diane Chaperon-Lor s’étonne que la Ville n’ait pas connaissance de l’implantation de la future université francophone à Toronto