L’année dernière, Sherine El Sebaie, doctorante en égyptologie à l’Université de Toronto avait donné une très belle conférence à l’Alliance française sur l’Égypte et le Titanic. Pour la saison 2017-18, elle s’est attardée sur un autre sujet tout aussi intéressant : Ériger l’Égypte en Occident.

Les personnes présentes à la conférence du 30 mai dernier ont énormément appris sur la présence de l’Égypte lors des différentes expositions universelles. Au cours des 150 dernières années, les expositions universelles ont présenté les différentes innovations scientifiques et technologiques ainsi que les différentes cultures à travers le monde. Citons notamment la tour Eiffel qui a été construite pour l’Exposition universelle de Paris de 1889. De ces expositions, il ne reste pas grand-chose aujourd’hui. Généralement, les monuments construits sont détruits juste après l’exposition, mais ce ne fut pas le cas de la tour Eiffel qui est devenu un symbole français.

Pour se faire connaître en Occident et pour accroître sa visibilité, l’Égypte fut au centre de nombreuses expositions universelles. Par exemple, à celle de Paris en 1867, ce pays possédait un pavillon entier de 6000 mètres carrés, haut de 10 mètres et inspiré du temple de Philae. L’Égypte avait vu en grand. Le khédive Ismaïl qui était venu à Paris pour l’événement avait dépensé sans compter et la présence grandiose du pays avait été très remarquée.

L’une des pièces maîtresses était alors une allée de 10 sphinx réalisée par Auguste Mariette menant à un temple pharaonique. De cette allée, il ne reste aujourd’hui que deux sphinx qui se trouvent dans le château de Verduron à Marly-le-Roi. Des boutiques ont aussi été créées et des artisans sont venus présenter les dernières créations égyptiennes à la mode. Mariette est sur tous les fronts. Il fait venir des momies, des bijoux de la reine Ah-Hotep et des statues de l’Ancien Empire. La femme de Napoléon III, l’impératrice Eugénie souhaite d’ailleurs conserver les bijoux de l’ancienne reine égyptienne, mais Mariette tient bon et les bijoux repartent en Égypte.

En 1878, l’Égypte expose de nouveau sa splendeur à l’Exposition universelle de Paris. Mais les temps ont changé, Ismaïl Pacha engage beaucoup moins de dépenses pour cette manifestation. C’est encore Auguste Mariette qui s’y colle et s’occupe de la construction du pavillon. Cette fois-ci, le pays présente «  les Ottomans et la dynastie régnante ».

En 1889, le pays revient à Paris et, pour l’occasion, est reconstitué un vieux quartier du Caire. « La rue du Caire » est composée entre autres de deux mosquées, de trois portes gigantesques, d’échoppes, de boutiques et d’un minaret. Un espace monumental de 1000 mètres carrés qui plaît énormément aux Parisiens de l’époque.

Il n’y a pas que dans la Ville lumière que l’Égypte étend sa présence. Le pays a également participé aux expositions de Vienne (1873) et de Philadelphie (1876).

 

PHOTO : Sherine El Sebaie