L’économie canadienne fait face à des vents contraires sur plusieurs fronts. La croissance plus faible de l’emploi et des salaires, l’endettement élevé et la hausse des taux d’intérêt limiteront les dépenses de consommation. Entretemps, la chute du prix du pétrole de même que des difficultés au niveau de la capacité pipelinière continueront de freiner l’investissement dans le secteur canadien de l’énergie. On s’attend également à ce que les dépenses publiques ralentissent en raison de la hausse des déficits budgétaires.
Somme toute, le Conference Board du Canada s’attend à ce que le PIB du Canada augmente de 1,9 % en 2019, un recul par rapport au gain de 2,1 % prévu pour cette année.
« L’économie canadienne est en proie à quelques défis, a déclaré Matthew Stewart, directeur, Prévisions nationales. Les dépenses de consommation ont été le moteur de la croissance économique au cours des dernières années, mais les Canadiens resserrent les cordons de leur bourse. En 2019, la croissance économique dépendra d’un climat d’affaires amélioré et d’un meilleur rendement du secteur hors énergie. »
Les dépenses des ménages ralentissent en raison de plusieurs facteurs, dont notamment la croissance plus faible de l’emploi, la hausse des taux d’intérêt et le refroidissement du prix des maisons. Bien que la croissance de l’emploi ait repris au cours des derniers mois, la croissance globale de l’emploi a été modeste en 2018. L’un des facteurs à l’origine de la faible croissance de l’emploi est la hausse des départs à la retraite, car de nombreux baby-boomers continuent de quitter le marché du travail. Cela a entraîné des pénuries de main-d’oeuvre dans de nombreuses industries au Canada, le taux de chômage ayant atteint un creux record de 5,6 % en novembre. Malheureusement, la croissance des salaires demeure faible. Cependant, à la lumière du resserrement des marchés du travail, la croissance des salaires devrait commencer à reprendre en 2019, vu que les entreprises rivalisent pour recruter un nombre limité de travailleurs.
En plus des perspectives plus faibles en matière de dépenses de consommation, l’effondrement du prix du pétrole et les contraintes liées à la capacité des pipelines frappent durement le secteur énergétique canadien. On s’attend à ce que les investissements dans l’industrie pétrolière et gazière en Alberta diminuent pour une deuxième année consécutive en 2019. La faiblesse du prix du pétrole et l’incertitude liée aux goulots d’étranglement dans le transport et aux compressions imposées par le gouvernement provincial relativement à la production de pétrole nuisent aux intentions d’investissement. Malgré les difficultés persistantes de l’Alberta, l’investissement global dans le secteur énergétique du Canada augmentera en 2019 grâce au projet LNG Canada et au pipeline Coastal GasLink qui généreront des investissements considérables en Colombie-Britannique.
Sur une note plus positive, l’investissement hors énergie devrait connaître un élan lié à la signature du nouvel Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) et aux nouvelles mesures fédérales qui permettent l’amortissement accéléré de plusieurs types d’investissements. En supposant que le Congrès américain adopte le projet de loi sur le commerce, cela contribuera à dissiper en partie l’incertitude qui décourage les dépenses d’investissement. L’ACEUM devrait également aider à améliorer le rendement du Canada en matière d’exportation. On prévoit une reprise des exportations hors énergie en 2019, mais la croissance sera limitée par la faiblesse des investissements et les taux élevés d’utilisation de la capacité dans le secteur manufacturier.
Ces considérations et bien d’autres peuvent être consultées dans Note de conjoncture canadienne, un rapport trimestriel du Conference Board du Canada. Il se penche sur les prévisions économiques à court terme, y compris les dépenses de consommation, le logement, le secteur gouvernemental, l’investissement hors énergie et le commerce.
SOURCE : Conference Board du Canada